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Textes d'opinion

Trump et Clinton : ne vous fiez pas aux apparences !

Ce soir, nous saurons enfin qui sera le prochain président des États-Unis pour les quatre prochaines années. Après une campagne rocambolesque, le Parti républicain prendra le contrôle de l’exécutif, ou le parti démocrate le gardera.

Aux États-Unis, on associe les républicains à la droite, et les démocrates à la gauche. Faut-il pour autant s’attendre à une orgie de dépenses et plus d’interventions de l’État si Clinton l’emporte, ou à des coupes budgétaires draconiennes et moins de réglementations si Trump gagne ?

Pas nécessairement. Comme une publication de l’IEDM l’avait montré en 2013, les étiquettes « gauche » et « droite » ne permettent pas réellement d’apprécier avec justesse les politiques des partis une fois au pouvoir.

Dans les cas que nous avions étudiés, on n’observait aucune relation systématique entre l’idéologie des partis au pouvoir et l’évolution des dépenses publiques sur le PIB. En fait, en allant au-delà des clichés idéologiques et des étiquettes pour se concentrer plutôt sur les faits, on découvre un portrait bien différent de la rhétorique officielle des partis politiques, que ceux-ci se réclament de la gauche ou de la droite.

Par exemple, au moment de publier notre rapport en 2013, devinez quel président américain avait le plus fait croître la taille relative de l’État? Un républicain nommé George W. Bush (hausse de 39 %) ! Et celui qui l’a le plus fait décroître est un président démocrate, Bill Clinton (baisse de 14,3 %). Surprenant, non ?

Le président Barack Obama, au moment du lancement de la Note en avril 2013, avait jusqu’alors légèrement fait diminuer la taille de l’État, dans la même proportion que Ronald Reagan. Il faut cependant souligner qu’Obama partait d’un niveau record jamais atteint au cours des 40 années précédentes, suite à la crise économique de 2008. Il serait intéressant de compiler les plus récents chiffres au sujet d’Obama pour voir où il se situe dans cette analyse depuis le printemps 2013 en raison de la mise en œuvre de « l’Obamacare » notamment.

On observe ces mêmes tendances au Québec. Considérer la gauche comme nécessairement plus dépensière et la droite plus austère sur le plan économique ne résiste pas à l’analyse des chiffres. Au Québec, ce sont surtout les péquistes, « de gauche », qui ont réduit la taille relative de l’État dans notre histoire récente. Alors que les gouvernements de René Lévesque et Pierre-Marc Johnson ont fait croître l’État de 16,4 % entre 1976 et 1985, ceux de Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Bernard Landry l’ont fait reculer de 19 %, entre 1994 et 2003. Le premier gouvernement Bourassa a fait grossir l’État presque autant que son successeur péquiste, soit de 15,6 %. Quant au second gouvernement Bourassa et au gouvernement Charest, la taille de l’État est demeurée relativement stable sous leur gouverne.

Au Canada, pendant le règne de Stephen Harper, malgré les cris d’épouvante des syndicats, la taille de l’État a connu une poussée significative pendant la crise économique, puis un recul, qui l’a ramenée, en date de 2013, pratiquement au même niveau que six ans auparavant.

Bref, peu importe qui va gagner ce soir, il serait prématuré de croire que la future administration va donner un coup de barre à gauche ou à droite, selon le résultat. Vous pourriez être surpris de ce qu'ils vont faire au pouvoir. Une fois l’élection passée, les étiquettes ne tiennent plus. Et vu la rhétorique anti libre-échange utilisée par les deux candidats pendant cette campagne – et les impacts potentiels sur notre économie –, ce sera peut-être une bonne chose pour le Canada. 

Jasmin Guénette est vice-président de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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