Il est temps de révolutionner le transport en commun!
Dans un contexte de resserrement des finances publiques, plusieurs villes américaines cherchent à réduire leurs dépenses, notamment dans le transport public. Et vers qui se tournent-elles pour y arriver? Vous l'aurez deviné, vers les entreprises privées, plus efficaces, souples et meilleures pour répondre adéquatement aux besoins des clients.
À Dublin, en Californie, la Ville a décidé de supprimer deux lignes d'autobus peu fréquentées et de les remplacer par un partenariat avec Uber. Le rival Lyft sera aussi de la partie, et les citoyens qui n'ont pas de téléphone intelligent pourront appeler un taxi. Chaque trajet sera subventionné, ce qui permettra de continuer à fournir un service aux citoyens qui utilisaient ces trajets tout en faisant épargner les contribuables de Dublin.
Comme l'a récemment écrit Adrien Pouliot dans un billet sur ce site, on observe la même chose à St. Petersburg, en Floride, où les contribuables refusaient de payer davantage pour financer le transport en commun. Un partenariat a plutôt été créé avec Uber et les compagnies de taxi locales, et le succès est tel que les autorités veulent étendre cette solution à l'ensemble du comté.
D'ailleurs, les fabricants d'automobiles surveillent ces développements de près. Ford, notamment, a récemment acheté l'entreprise Chariot, de San Francisco. Il s'agit d'une firme de « microtransit » qui, comme d'autres, offre des services de transport dans des endroits mal servis par les moyens de transports publics.
À Toronto également, la Toronto Transit Commission regarde de près les possibilités d'inclure des entreprises de microtransit dans l'offre de transport et n'exclut pas la mise en place d'un projet pilote.
En lisant sur ces expériences, on se demande bien franchement : à quand la même chose pour Montréal? Mes collègues Germain Belzile et Vincent Geloso ont signé pour l'IEDM il y a quelques jours une très intéressante étude au sujet de la STM, qui montre la longue feuille de route d'inefficacité de cette société, et que ce sont tous les contribuables québécois qui en paient la note.
Il ne s'agit toutefois pas seulement d'économiser des sous. Les banlieues sont mal desservies par le transport en commun et profiteraient aussi de solutions plus flexibles pour éviter à leurs résidants d'avoir à utiliser la voiture. Même si on a les meilleures intentions environnementales du monde, c'est la plupart du temps compliqué, voire impossible, pour un banlieusard de ne pas utiliser l'auto pour aller travailler en ville.
Enfin, comme l'ont démontré mes collègues, rappelons que les contribuables montréalais et québécois versent à la STM 659 millions de dollars par année. La STM reçoit aussi une autre somme de 744 millions de dollars en subventions aux fins de son budget d'investissement, et cela ne semble jamais assez. Ce serait la moindre des choses que nous élus daignent au moins s'intéresser aux modèles mis en place dans d'autres pays qui ont connu du succès, au lieu d'essayer de bloquer le progrès comme par réflexe.
Contrairement aux affirmations du président du conseil d'administration de la STM, Philippe Schnobb, qui affirmait que notre intervention sur la privatisation totale ou partielle de la STM le jour du 50e anniversaire du métro de Montréal était « déplacée », il faut réaliser que la solution aux problèmes de transport ne passe pas par une augmentation perpétuelle du budget des sociétés de transport en commun. Elle passe par une ouverture d'esprit face à la technologie, à la privatisation et aux initiatives privées qui font déjà leurs preuves ailleurs.
Jasmin Guénette est vice-président de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.