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13. Quelle réduction d’émissions devra-t-on atteindre si l’on veut respecter la cible de 2°C?

En raison de la longue durée de vie atmosphérique du CO2, le niveau des émissions de CO2 déjà accumulées dans l’atmosphère joue un rôle important dans la détermination de la température moyenne sur la surface terrestre pour les décennies à venir.

Le « budget carbone », ou « budget d’émissions », représente le seuil d’émissions de CO2 accumulées depuis la période préindustrielle à ne pas dépasser d’ici 2100 pour respecter une cible de température donnée. Parmi les différents modèles utilisés par le GIEC, la majorité estiment que le budget carbone permettant de respecter la limite de 2 °C est de 2900 milliards de tonnes de CO2. En 2011, les émissions avaient comblé environ les deux tiers du budget carbone(26).

Ces modèles estiment que les émissions cumulatives de CO2 restantes pour le respect du budget lors de la période 2012-2100 doivent être contenues entre 630 et 1180 milliards de tonnes de CO2(27). Compte tenu du rythme actuel de réduction des émissions de GES selon les politiques existantes, le budget carbone pourrait être épuisé vers 2034(28).

Il est toutefois possible d’atteindre l’objectif du 2 °C même en dépassant temporairement le budget carbone à court terme. Ce dépassement doit cependant être ultérieurement compensé (vers 2065) par un solde mondial négatif en carbone. Un tel scénario est réalisable si les émissions anthropogéniques de GES à un certain moment sont plus que compensées par l’absorption de carbone liée à la reforestation et par le captage et le stockage de CO2.

Le Tableau 1-2 illustre l’évolution des émissions nettes jusqu’à la fin du 21e siècle qui est requise par le budget carbone afin d’avoir plus de 66 % de probabilité de respecter la limite de 2 °C.

Une autre façon utilisée par le GIEC pour illustrer le même objectif met l’accent sur l’atteinte d’une cible de concentration atmosphérique de 430 à 480 parties par million d’équivalent CO2 en 2100. Les différents scénarios où il n’y a pas d’efforts supplémentaires de la part des gouvernements pour réduire les émissions de GES arrivent à une concentration atmosphérique de 450 parties par million d’équivalent CO2 en 2030 et à des concentrations variant entre 750 et 1300 parties par million d’équivalent CO2 en 2100(29).

Une stabilisation du réchauffement à 2 °C implique une réduction substantielle des émissions de GES anthropogéniques d’ici 2050. À cette date, en plus de gains d’efficience énergétique importants, il devra y avoir de trois à quatre fois plus d’énergie provenant des sources renouvelables, de l’énergie nucléaire et de la bioénergie ou de carburants fossiles jumelés au captage et stockage du carbone. Entre 2040 et 2070, les émissions du secteur énergétique devront être réduites de 90 % par rapport au niveau de 2010(30).

Le Tableau 1-3 illustre les réductions de GES nécessaires au cours du 21e siècle afin de respecter l’objectif de 2 °C.

Tableau 1-2
Émissions nettes requises pour respecter la limite de 2 °C avec une probabilité supérieure à 66 %, en gigatonnes de CO2

Source : Il s’agit d’une médiane basée sur 19 scénarios différents. Programme des Nations Unies pour l’environnement, The Emissions Gap Report 2014: A UNEP Synthesis Report, novembre 2014, p. 15.

Tableau 1-3
Émissions annuelles mondiales maximales et changements par rapport aux émissions de 1990 et 2010 pour respecter la limite de 2 °C avec une probabilité supérieure à 66 %, en gigatonnes d’équivalent CO2

Source : Il s’agit d’une médiane basé sur 18 scénarios différents. Calculs des auteurs. Programme des Nations Unies pour l’environnement, The Emissions Gap Report 2014: A UNEP Synthesis Report, novembre 2014, p. xvi et 16.

Notes
26. Programme des Nations Unies pour l’environnement, The Emissions Gap Report 2014: A UNEP Synthesis Report, novembre 2014, p. 2.
27. Idem.
28. Price Waterhouse Cooper, « Le budget carbone du GIEC provisionné pour 2100 en passe d’être épuisé d’ici 2034 », Communiqué de presse, 14 novembre 2013.
29. Ottmar Edenhofer et al., op. cit., note 22, p. 8.
30. Ibid., p. 12 et 18.

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