Pour le transport en commun… efficace
Plusieurs arguments circulent contre la privatisation de nos services publics, notamment le transport en commun. L’un d’eux m’a particulièrement fait réagir ces derniers jours. À l’occasion de l’embauche du nouveau directeur général de la STM, ce dernier a déclaré qu’«en ce qui concerne les spécialistes de l’entretien du métro, même si on voulait [en embaucher] à l’extérieur, on ne trouverait pas beaucoup d’expertise. L’expertise est à l’intérieur.» C’est un argument vraiment étrange contre la concurrence ou la privatisation, vu la différence de performance entre le public et le privé.
Pour vous donner un exemple, un des meilleurs réseaux de transport au monde en termes de ponctualité est le réseau privé du métro MTR à Hong Kong. Apparemment, là-bas, on arrive à trouver du personnel d’entretien, puisque le réseau n’a connu aucun retard de plus de 8 minutes pendant 120 jours consécutifs dans la première moitié de 2014, et seulement 12 retards de 31 minutes ou plus durant toute l’année. La façon de comptabiliser les incidents est différente à la STM, mais quand même, il y a eu, en 2014, 903 retards de plus de 5 minutes dans le métro. Vu les performances de la STM, l’argument de l’expertise qui existerait dans le secteur public, mais serait absente du secteur privé est peu convaincant.
Dans la grande région de Montréal, les Conseils intermunicipaux de transport (CIT) sont des délégations de service public. C’est-à-dire que les pouvoirs publics restent des organisateurs, alors que l’exploitation est déléguée à différents opérateurs privés. Ces compagnies d’autobus arrivent bien à embaucher le personnel dont elles ont besoin ou à le former elles-mêmes. Tout comme un tas de sociétés dans divers autres secteurs qui ont besoin d’ingénieurs et de mécaniciens spécialisés. Pourquoi est-ce que ce serait différent pour l’entretien d’un métro?
Je suis un adepte et un partisan des transports en commun. À partir du moment où l’espace sur la route est limité et où beaucoup de gens vont dans la même direction, ça me semble tout à fait rationnel de se déplacer collectivement. Je serais même prêt à payer plus pour utiliser le transport en commun, mais seulement si une augmentation des prix a des chances de se traduire par un meilleur service, et de rapprocher les performances de notre réseau de celles du métro de Hong Kong. Peut-on compter sur le nouveau directeur général de la STM pour relever ce défi?
Mathieu Bédard est économiste à l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.