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Communiqués de presse

Un monopole public d’assurance médicaments nuirait aux Canadiens

Montréal, le 11 août 2015 – Depuis quelques mois, l’enjeu de l’assurance médicaments est revenu à l’avant-scène des débats publics au Canada. Certains intervenants proposent de réformer le système actuel mixte public-privé géré par les provinces par un régime national d’assurance médicaments entièrement public dans le but d’assurer une couverture à tous et de réduire les coûts. Or un tel régime risque de nuire aux Canadiens en restreignant leur accès à des médicaments, selon une Note économique publiée aujourd’hui par l’IEDM.

Un argument souvent évoqué en faveur de l’adoption d’un monopole public d’assurance médicaments est en effet qu’il procurerait au gouvernement un pouvoir de négociation supérieur auprès des compagnies pharmaceutiques, ce qui permettrait de mieux contenir les coûts des médicaments. Mais ce qu’omettent de dire les tenants d’un tel régime, c’est que les économies seraient obtenues par le biais d’un plus grand rationnement et non par une plus grande efficacité.

Les expériences étrangères témoignent d’ailleurs de cette réalité. « Depuis les années 1990, les patients au Royaume-Uni subissent les contrecoups des politiques de maîtrise de dépenses de leur régime d’assurance médicaments public. Les patients anglais ont dû se passer pendant de nombreuses années de médicaments pourtant disponibles partout à travers l’Europe », souligne Yanick Labrie, auteur de la publication.

En Nouvelle-Zélande, un autre pays fréquemment élevé au rang de modèle à suivre par les tenants d’un monopole public, l’accès des patients aux nouveaux médicaments est tout aussi restreint qu’au Royaume-Uni, sinon davantage. On ne compte plus le nombre de rapports qui font état des conséquences négatives pour la santé qu’ont entraînées les politiques de plafonnement des dépenses adoptées dans ce pays depuis une vingtaine d’années.

Au total, quelque 98 % des Canadiens possèderaient déjà une couverture privée ou publique d’assurance médicaments. Afin d’aider les quelque 2 % qui n’en ont pas, les autres provinces devraient suivre l’exemple du régime universel québécois, qui repose sur une mixité d’assureurs, plutôt que d’emprunter la voie d’un monopole public.

« Au Québec, où la couverture est universelle, les coûts du régime d’assurance médicaments ont augmenté depuis sa mise en œuvre. Mais c’est en bonne partie parce que le Québec a résisté plus que les autres provinces à la tentation de rationner l’accès aux nouveaux médicaments », dit Yanick Labrie. C’est d’ailleurs au Québec qu’on retrouve la couverture la plus généreuse lorsqu’on compare les régimes d’assurance médicaments publics provinciaux, avec 38 % des médicaments homologués par Santé Canada entre 2004 et 2012 qui sont remboursables, par opposition à 23 % en moyenne à travers le pays.

Si la population québécoise dépense davantage en médicaments que celle des autres provinces, c’est essentiellement dû à un plus grand volume de prescription et non pas à des prix plus élevés pour les médicaments.

« Notons aussi que ces dépenses de médicaments plus grandes s’accompagnent de dépenses moindres dans le système public de santé », dit Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM. « Comme le taux d’hospitalisation diminue depuis le début des années 2000, on peut en déduire que des thérapies pharmaceutiques plus accessibles au Québec ont vraisemblablement remplacé d’autres types de traitements médicaux plus coûteux, comme les chirurgies en milieu hospitalier. »

Les Canadiens devraient se méfier de l’idée de remplacer le système actuel mixte, géré par chaque province, par un monopole public à l’échelle du pays. Socialiser une plus grande partie des dépenses en médicaments reviendrait à donner plus de pouvoir à des fonctionnaires pour prendre les décisions, et les politiques qui restreignent l'accès aux nouveaux médicaments pénaliseraient tous les Canadiens de la même façon.

Un sondage Abacus Data publié en juillet dernier révélait que seulement 31 % des répondants sont en faveur du remplacement de nos régimes mixtes publics-privés actuels par un monopole national d'assurance médicaments.

N.B.: Les travaux de recherche relatifs à cette publication ont débuté en mai 2015 et la décision de traiter du sujet, elle, a été prise bien avant cette période. Par conséquent, elle n’a aucun lien avec la campagne électorale actuellement en cours.

La Note économique intitulée « A-t-on besoin d’un monopole public d’assurance médicaments au Canada? » est signée par Yanick Labrie, économiste à l’IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.

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L’IEDM est un organisme de recherche et d’éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l’IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.

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Demandes d’entrevues : Mariam Diaby, Directrice des communications, IEDM / Tél. : 514-273-0969 p. 2231 / Cell. : 514-668-3063 / Courriel : mdiaby@iedm.org

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