Limiter les déraillements de trains de pétrole… avec des oléoducs
Le 15 février dernier, un train qui transportait du pétrole brut a déraillé dans le nord de l’Ontario et s’est enflammé. Le lendemain, le déraillement d’un autre train contenant du pétrole brut en Virginie a provoqué un incendie majeur et l’évacuation de deux localités. Dans les deux cas, les wagons-citernes se trouvaient à être des nouveaux modèles CPC-1232, justement conçus pour prévenir les déversements et les incendies en cas de déraillement.
Un simple hasard, ou bien un aperçu de l’avenir? Certes, deux déraillements en deux jours, c’est de la malchance, mais il est également vrai que l’on transporte de plus en plus de pétrole par train. En effet, une analyse du Département du transport du gouvernement américain prévoit 15 déraillements de trains de pétrole et d’éthanol en 2015, et 10 par année en moyenne au cours des deux prochaines décennies.
Bien que les groupes écologistes voudraient que l’on se débarrasse du pétrole demain matin, vous et moi, nos voisins et un peu tout le monde continuons de vouloir nous déplacer à faible coût. Bien peu de gens sont prêts à assumer les coûts d’une transition accélérée vers les énergies vertes avant que celles-ci ne soient vraiment concurrentielles. Alors quoi faire entre-temps pour limiter les dégâts?
C’est simple : approuver les projets d’oléoducs. Puisque nous ne sommes pas prêts à nous débarrasser du pétrole et qu’une transition vers les énergies vertes prendra vraisemblablement plusieurs décennies au minimum, il faudra bien le transporter, ce pétrole. Le moyen de transport le plus sécuritaire, c’est l’oléoduc.
Selon une étude qui utilise les chiffres officiels du Département du transport du gouvernement américain, entre 2005 et 2009, aux États-Unis, le transport routier du pétrole a connu le plus haut taux d’incidents sérieux (c’est-à-dire, pouvant impliquer des blessures ou des décès), avec 19,95 incidents par milliard de tonnes-milles. Le transport par train arrive en deuxième place avec 2,08 incidents sérieux par milliards de tonnes-milles, alors que le transport par pipeline n’en connaît que 0,58.
Les oléoducs seraient donc presque quatre fois plus sécuritaires que les trains.
En dépit de ce bilan impressionnant, l’approbation de nouveaux projets d’oléoducs fait face à une opposition intransigeante, comme on vient de le voir avec le veto du président Obama sur le projet de Keystone XL. C’est donc l’industrie du transport du pétrole par train qui s’est développée de manière exponentielle au cours des dernières années, au détriment de la sécurité des communautés aux États-Unis et au Canada. Il serait temps de faire preuve de plus de bon sens.
Youri Chassin est économiste et directeur de la recherche à l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.