fbpx

Textes d'opinion

Les Haïtiens souffrent parce qu’ils ne sont pas libres

Beaucoup de médias nous ont rappelés ces derniers jours le terrible séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010. D’une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter, ce tremblement de terre qui a frappé près de la capitale de Port-au-Prince a fait au moins 200 000 morts, des centaines de milliers de blessés et un million et demi de personnes déplacées. Malgré l’aide internationale qui a suivi cette tragédie, cinq ans plus tard, la reconstruction n’est pas encore complétée.

Il n’y a aucun doute que ce terrible séisme fut une catastrophe, mais il ne faut pas penser que cette catastrophe a été uniquement naturelle. Car s’il y a eu tant de morts et de blessés, et si la reconstruction tarde tant, ce n’est pas dû uniquement à l’intensité du choc. Au-delà de la force de la nature, cette tragédie a des causes économiques et politiques. Ce qui a rendu ce sinistre si tragique c’est la pauvreté des Haïtiens – qui lui-même découle en grande partie du manque de liberté économique dans ce pays.

Les gens très pauvres n’ont pas les moyens de se préparer contre les risques futurs, par exemple en construisant des immeubles plus solides. Quand un tremblement de terre frappe, les logements, les écoles et les lieux de travails s’écroulent. Les infrastructures et les hôpitaux aussi, ce qui rend les opérations de secours et le traitement des blessés plus difficiles. La reconstruction prend aussi beaucoup plus de temps.

Haïti est très pauvre. Son PIB par habitant, mesuré en parité de pouvoir d’achat, était de seulement 1243 $ en 2012. Par comparaison, le PIB par habitant de son voisin, la République dominicaine, était de 9646 $. (Celui du Canada était de 42 734 $.)

Pourquoi la République dominicaine est-elle tellement plus riche qu’Haïti? Ils partagent une même île, après tout, et leurs populations sont de la même grandeur, avec environ 10 millions d’habitants chacun.

Il existe certes plusieurs raisons pour cet écart de richesse, mais l’une des plus importantes, c’est l’écart de liberté économique qui existe entre ces deux pays. Selon l’édition 2014 de l’Index of Economic Freedom publié par la Heritage Foundation et le Wall Street Journal, Haïti reçoit une note de 48,9 sur 100 en termes de liberté économique et se place en 156e position parmi les pays du monde. La République dominicaine, pour sa part, s’en sort mieux avec une note de 61,3 et un classement en 80e position.

La République dominicaine est loin d’être un modèle de liberté, mais la situation y est bien moins pire qu’à Haïti : un peu plus de protection pour la propriété privée; un peu moins de corruption; un peu plus de facilité à ouvrir et opérer une petite entreprise. Il y a aussi un peu plus de libre-échange avec les autres pays. Surtout, les investissements sont plus libres en République dominicaine, ce qui contribue au fait qu’elle reçoit environ 20 fois plus d’investissements directs étrangers, soit 3,6 milliard de dollars en 2012 contre seulement 179 millions pour Haïti.

Quand on pense à la richesse, on a tendance à penser aux voitures de luxe, aux manoirs et au caviar. Mais la richesse, c’est aussi des habitations simples mais biens construites, des hôpitaux qui restent debout, des opérations de secours efficaces.

Si le tremblement de terre du 12 janvier 2010 avait eu lieu 300 km à l’est, près de Saint-Domingue au lieu de Port-au-Prince, cette tragédie aurait fait beaucoup moins de morts, et la reconstruction se serait terminée beaucoup plus rapidement. Tout cela, grâce à une plus grande liberté économique, et donc une plus grande richesse.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

Back to top