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Textes d'opinion

Quand le mensonge devient un danger pour votre industrie

Plusieurs mythes tenaces entourent nos industries. Des mythes parfois amplifiés par certains groupes poursuivant un objectif politico-idéologique bien précis. Lorsque ces mythes touchent votre industrie, vous risquez de passer un mauvais quart d'heure dans les médias. Pire encore : des politiques publiques nuisibles à la croissance de votre entreprise peuvent voir le jour, parce que des politiciens finissent par croire à ces mythes, de bonne foi, ou encore font semblant d'y croire pour des raisons électoralistes.

Prenez l'industrie forestière, par exemple. Deux mythes en particulier s'y rattachent.

Le premier, c'est que la forêt québécoise diminuerait au gré de l'appétit des compagnies forestières. C'est faux. Le couvert forestier québécois a légèrement augmenté de 1979 à 2002 et l'activité forestière touche à peine 1 % de sa superficie totale par année. Au début des années 1970, le gouvernement reprochait même aux compagnies forestières de sous-exploiter la forêt. Inversement, c'est après la prise en charge de l'attribution des volumes de bois par le gouvernement qu'on a observé quelques cas de surexploitations entre 1995 et 2004.

Un autre mythe : la diminution de la population du caribou forestier s'expliquerait exclusivement par l'activité forestière. Faux. Bien que la question soit complexe, des études d'Environnement Canada ont souligné le fait que des activités peuvent avoir lieu dans l'habitat du caribou sans menacer l'espèce, tant que les nouvelles méthodes d'aménagement écosystémique sont respectées, ce qui est le cas aujourd'hui. Il est aussi démontré que d'autres facteurs comme le braconnage, les feux de forêt, les insectes et la maladie touchent les populations de caribous.

Mais voilà, ces deux mythes en sont venus à façonner le climat d'opinion au Québec. Dans le cas des caribous, certains groupes écologistes proposent de créer des aires protégées pour interdire l'activité forestière sur les territoires habités par le caribou forestier.

Quant à la question du couvert forestier, l'État québécois s'est attribué la quasi-totalité des responsabilités liées à la forêt dans le cadre du nouveau régime forestier entré en vigueur l'an dernier. Résultat : alors que les entreprises disposaient d'incitations financières à long terme pour aménager la forêt en tenant compte de sa pérennité sous certains des régimes antérieurs, elles n'ont plus aujourd'hui aucune autonomie et doivent se contenter de suivre les directives des agences du gouvernement.

L'industrie forestière est un exemple parmi d'autres. C'est pourquoi je souhaite mobiliser les lecteurs de Les Affaires, à titre de dirigeants d'entreprises mais aussi de citoyens, afin de démystifier les mythes qui sévissent à l'encontre de plusieurs industries et, jusqu'à un certain point, de répliquer aux activistes qui les colportent. Car laisser courir ces mythes représente un réel danger pour leur entreprise, et pour le climat d'affaires en général.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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