La contribution des entreprises au « bien commun »
Mon ami Maxime Bernier, actuellement ministre d’État à la Petite Entreprise et au Tourisme, a récemment livré une allocution fort intéressante lors d’un déjeuner d’affaires dans la région d’Ottawa. Dans ce discours, il en a profité pour remettre en cause une phrase-cliché que l’on entend souvent, soit que les gens d’affaires doivent « redonner à la communauté ».
En fait, dit-il, cette phrase émane d’une incompréhension du rôle de l’entrepreneur et de l’entreprise dans l’économie.
En effet, elle implique que l’entrepreneur a « pris » quelque chose à la société, lorsqu’il a développé ses affaires, et qu’il devrait donc la lui remettre, ou au moins en partie, pour montrer sa gratitude. C’est pourtant l’inverse qui est vrai : les entrepreneurs à succès le sont devenus parce qu’ils ont créé quelque chose qui a de la valeur aux yeux des consommateurs. Les entrepreneurs n’ont donc pas à se sentir mal, ou redevables plus qu’il ne le faut, envers la société.
L’idée ici n’est pas d’affirmer que les entrepreneurs ne devraient pas donner leur temps ou leur argent de façon philanthropique à leur communauté — ils le font d’ailleurs déjà. Mais il est carrément faux de dire que, puisque le privé cherche avant tout à faire du profit, son intérêt risque d’aller à l’encontre des intérêts collectifs. Si une entreprise en concurrence veut faire un profit, elle n’a pas le choix d’offrir aux consommateurs (à la société) des biens et services qu’ils désirent, et ce à un prix jugé acceptable. Sinon, elle ne vendra rien et fera faillite, au profit de ses concurrents. Même s’il est motivé par le profit, un entrepreneur doit donc par définition « servir » la communauté pour survivre.
C’est d’ailleurs la société qui devrait remercier les entrepreneurs pour ce qu’ils font, dit Maxime Bernier. Surtout quand on tient compte des risques que ces gens prennent, des nombreuses heures de travail que ce travail exige, et souvent, de l’hostilité à laquelle ils doivent faire face de la part de politiciens démagogues et de journalistes qui manquent parfois de culture économique. Sans compter la paperasse et le casse-tête bureaucratique que lui impose souvent l’État.
Au final, une compagnie de transport aérien, par exemple, ne donne pas à la société parce qu’elle construit un orphelinat dans un pays pauvre, mais parce qu’elle permet à des gens de se déplacer et de vivre des expériences humaines de qualité.
Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.