fbpx

Textes d'opinion

Pas d’austérité, pas de prospérité

Pour bien apprécier le budget déposé hier, il faut remonter un brin dans le temps. En mars 2010, M. Bachand avait établi un plan sur quatre années consistant à réclamer des contribuables 38 % de l’effort supplémentaire pour éliminer le déficit par l’entremise de hausses de taxes, tout en garantissant que 62 % de l’effort serait fait par l’État, principalement par une réduction du rythme d’accroissement des dépenses.

Manifestement, ce plan n’a pas été suivi puisque le budget présenté hier est déficitaire. Que s’est-il passé pour que la cible soit manquée?

Seuls les contribuables ont fait leur effort

Du côté des revenus, l’effort demandé aux contribuables n’a pas été de 38 %, mais de 44 %! Pour aller chercher de nouveaux revenus, l’État a fait le travail.

Pour les dépenses, le ministre Bachand avait établi que sans plan de redressement budgétaire, elles seraient de 72 322 millions de dollars en 2013-2014 (cette année). Il fallait faire quelque chose et les réduire un peu. Quatre ans plus tard, devinez combien le ministre Marceau a dépensé? Précisément 72 355 millions de dollars, soit le même montant, à 33 millions près.

En d’autres mots, non seulement l’État n’a pas atteint sa cible de supporter 62 % de l’effort, il n’a supporté aucun effort. Pas étonnant qu’on soit encore en déficit. « Pas d’austérité », nous dit Nicolas Marceau. En effet, on ne peut qu’être d’accord. Il n’y a pas d’austérité dans ce budget. Il n’y en a même jamais eue!

Monter encore un peu le fardeau fiscal, plus élevé au Québec qu’ailleurs en Amérique du Nord? Pas de problème! Réduire les dépenses publiques, parmi les plus élevées en proportion de l’économie parmi les pays avancés? Ça, ce n’est pas évident, on dirait!

Mais cette fois-ci, Nicolas Marceau nous promet qu’il va réussir à contenir les dépenses!

Prospérité de qui?

Les commissions scolaires vont être scrutées de plus près. Il était temps. Les soins de santé seront progressivement financés selon les services rendus aux patients plutôt que sur une base purement bureaucratique. C’est une bonne nouvelle. Certes, tout n’est pas mauvais dans ce budget.

Étant donnée la situation financière du Québec, et sa dette à 264 milliards de dollars, on ne pourra pas toujours se contenter d’améliorer un tout petit peu l’efficience de l’État et espérer que ce soit suffisant.

La leçon importante, c’est qu’en dépensant toujours plus, le gouvernement a besoin d’aller chercher toujours plus de revenus chez ceux qui créent la richesse : vous et moi qui travaillons, qui investissons, qui avons des idées d’entreprises, etc. Et nous, nous sommes déjà passés à la caisse.

Faire le choix de prospérité pour les Québécois implique de les taxer moins. Ou est-ce qu’on parle plutôt ici de la prospérité de l’État?

Youri Chassin est économiste à l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

Back to top