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Textes d'opinion

Un déficit de trop pour Nicolas Marceau?

On apprend aujourd’hui que dans les prochains jours, le ministre des Finances et de l’Économie du Québec, Nicolas Marceau, annoncera que la cible du déficit zéro sera reportée à plus tard. Le hasard fait en sorte que c’est aujourd’hui le jour où la dette du secteur public va franchir le cap des 260 milliards de dollars, selon le compteur de l’IEDM.

Réduire le déficit n’est jamais une opération simple pour le gouvernement. D’une part, l’activité économique n’a pas été au rendez-vous, ni au Québec ni chez la plupart de nos voisins. Les impôts plus élevés n’ont pas aidé à stimuler l’économie. En conséquence, les revenus du gouvernement ne sont pas aussi élevés que les prévisions du ministère des Finances.

Du côté des dépenses, il faudra peut-être réaliser bientôt qu’elles ne peuvent augmenter constamment. Même lorsqu’on tente de maintenir des cibles serrées de contrôle des dépenses, ce sont des milliards de plus que les contribuables doivent assumer. En fait, depuis 2009-2010 (il y a 4 ans seulement), les dépenses consolidées de l’État ont bondi, passant de 81,5 à 93,8 milliards de dollars, selon le dernier budget du Québec. Entre vous et moi, bien que le gouvernement dépense 12,3 milliards de dollars de plus, on n’a pas pour autant l’impression d’avoir de meilleurs services publics.

On peut comprendre certaines priorités en matière de dépense. Toutefois, on n’a pas toujours l’impression que le gouvernement fait les arbitrages incontournables en indiquant ce qui est prioritaire et ce qui ne l’est pas.

A-t-on vraiment les moyens de payer des places en garderies à 7$ par jour pour les familles qui gagnent de hauts revenus alors que des Québécois n’ont pas de médecins de famille?

A-t-on encore des raisons d’empêcher les médecins de pratiquer dans le secteur privé lorsqu’ils travaillent pour le secteur public, alors qu’ils pourraient ainsi mieux servir les Québécois et, pourquoi pas, les touristes médicaux attirés par leurs bonnes réputations?

Est-ce que l’État doit encore garantir la sécurité d’emploi à tous ses employés, ce qui empêche les abolitions de poste devenus caduques de se traduire par des économies?

Les questions de ce genre abondent. On ne semble pas souvent se les poser au gouvernement, malheureusement. La dette augmente donc constamment, et on fera encore des déficits pour l’avenir prévisible. Jusqu’au jour où on fera un déficit de trop…

Youri Chassin est économiste à l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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