Taxer pour protéger la santé publique?
Le jeudi 15 novembre 2012 – Depuis plusieurs années, la Coalition Poids demande l’introduction d’une taxe sur les boissons sucrées pour lutter contre l’obésité. Dans la même optique, l’Association médicale de l’Ontario a récemment réclamé une taxe sur la nourriture jugée trop sucrée ou trop grasse. Malgré les bonnes intentions derrière ces propositions, une nouvelle publication de l’Institut économique de Montréal (IEDM) souligne qu’à part engraisser le gouvernement, ce genre d’intervention n’aura pas vraiment d’impact sur le poids. Médecin canadien réputé et chercheur associé à l’IEDM, le Dr David Gratzer rappelle que la littérature scientifique diverge sur l’efficacité de la taxation pour s’attaquer à l’obésité. En effet, plusieurs études mettent en doute les projections optimistes des tenants d’une taxation pour réduire le tour de taille de façon appréciable.
« Changer des habitudes alimentaires n’est pas chose simple. Une personne qui voit le prix de sa bouteille de 591 ml de boisson gazeuse gonfler de 10 % peut modifier son comportement, mais pas nécessairement dans le sens souhaité. Elle peut par exemple choisir un autre produit non taxé, comme un grand café avec deux crèmes et deux sucres, qui contient par ailleurs à peu près le même nombre de calories, soit environ 260 », illustre le Dr Gratzer.
Quant à la possibilité d’élargir la taxation à un plus grand nombre de produits pour tenter de contrer les possibilités de substitutions, elle ferait en sorte d’inclure des boissons qui contiennent des éléments nutritifs, comme des smoothies ou des jus de fruits, ce qui n’est pas souhaitable selon le Dr Gratzer. En somme, ajouter une nouvelle taxe n’est pas la stratégie à privilégier si on veut réellement s’attaquer au problème de l’obésité, conclut-il.
« Essentiellement, taxer les boissons sucrées donnerait l’illusion qu’on s’attaque au problème de l’obésité. Dans la réalité, cette taxation aurait bien peu d’effet sur le surplus de poids, ce que reconnaît d’ailleurs la Coalition Poids qui présente cette mesure comme un levier qui permettra d’obtenir des fonds pour d’autres activités de prévention », affirme pour sa part Jasmin Guénette, vice-président de l’IEDM.
La Note économique intitulée Peut-on contrer l’obésité en taxant les boissons sucrées? et préparée par Dr David Gratzer, médecin canadien, auteur et chercheur associé à l’IEDM, en collaboration avec Jasmin Guénette, vice-président de l’IEDM, peut être consultée sans frais sur notre site Web.
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L’Institut économique de Montréal est un organisme de recherche et d’éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l’IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.
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