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Textes d'opinion

Une dette du Québec à 245 milliards de dollars est-elle inquiétante?

Cet après-midi, le ministre des Finances Raymond Bachand se présentera devant les médias pour le dévoilement de son budget. Chaussé de souliers neufs, une incontournable tradition relative à cet exercice, il nous dira que le Québec s'en tire bien et que son gouvernement fait un travail d'une remarquable efficacité.

Au-delà de l'enrobage politique du budget, il faut porter une attention particulière aux chiffres. Et un chiffre pèse particulièrement lourd : la dette du secteur public, qui regroupe l'ensemble des obligations financières du gouvernement. Les Québécois sont d'ailleurs 80 % à s'inquiéter de la voir augmenter.

Quand on creuse un trou à un rythme dépassant les 21 000$ la minute, c'est compréhensible.

En 2010, fin de situer le niveau d'endettement du Québec par rapport à celui des autres pays de l'OCDE, le ministère des Finances a fait le calcul : le Québec était au 5e rang des pays industrialisés les plus endettés après le Japon, la Grèce et l'Italie notamment . La méthode de l'OCDE prend en compte les dettes de toutes les administrations publiques, y compris la part de la dette fédérale supportée par les contribuables québécois. Parce qu'en fin de compte, c'est toujours le même contribuable qui paie, quel que soit le niveau de gouvernement.

Sachant tout cela, on peut se demander qui figure parmi le 20 % des répondants pour qui la dette n'est pas source d'inquiétude. Nous apprenions cette semaine qu'il s'en trouve un certain nombre à la direction de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Alors, est-ce le niveau d'endettement du gouvernement est inquiétant ou pas?

La dette n'a pas augmenté depuis 2003… mais nous seront moins de travailleurs pour la payer!

La CSQ souligne que l'endettement du Québec est resté stable en proportion de l'économie depuis 2003. Vrai, la dette a augmenté, mais notre richesse aussi. La dette du secteur public se situe aujourd'hui à près de 245 milliards de dollars.

Tout d'abord, la dette était déjà préoccupante en 2003. En 2012, elle l'est donc toujours.

Ce que la CSQ ne mentionne pas, c'est que nous serons de moins en moins de travailleurs pour assumer cette charge. En effet, il y a quelques décennies, il y avait environ 7 travailleurs pour un retraité. Dans un avenir très rapproché, nous serons 2 travailleurs pour un retraité. Vue sous un angle « social », la dette qu'on lègue aux générations futures apparaît soudainement beaucoup plus préoccupante.

Les taux d'intérêts ont chuté alors on « économise » des milliards en intérêts… aurions-nous dû emprunter plus d'argent pour « économiser » plus?

Le service de la dette est faible présentement parce que les taux d'intérêt atteignent des niveaux historiquement bas. Ce n'est pas une raison pour s'endetter davantage, parce qu'il faut garder en tête que les taux peuvent et vont remonter. On devrait plutôt profiter de ces bas taux pour diminuer notre endettement public maintenant, afin de ne pas être pris au dépourvu lorsque les taux passeront de 3 % à 6 % par exemple.

Juste portrait des finances publiques du Québec

Dans une publication de l'Institut économique de Montréal à paraître le jour du budget, je vous présente un portrait de l'endettement du Québec. Entre autres, cette courte étude explique un mystère pour bien des contribuables : pourquoi la dette continue d'augmenter même lorsque le gouvernement est en « déficit zéro »?

Youri Chassin est économiste à l'Institut économique de Montréal.

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