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Communiqués de presse

Le cloisonnement des métiers hausse les coûts de construction au Québec

Montréal, 4 mai 2010 – La réglementation stricte des métiers de la construction hausse artificiellement le coût des ouvrages au Québec, selon une Note économique publiée aujourd’hui par l’Institut économique de Montréal et préparée par son chercheur David Descôteaux.

«Cette réglementation a pour effet de nuire à la polyvalence des travailleurs et de rendre la gestion des chantiers plus lourde, plus coûteuse et plus lente», selon M. Descôteaux.

La Loi R-20 (Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d’œuvre dans l’industrie de la construction) et ses règlements, qui s’appliquent à près de 60% des travaux de construction au Québec, définissent la description de 26 métiers et obligent un employeur à n’embaucher que des salariés qui détiennent le certificat de compétence dans chacun des métiers pour exécuter des travaux.

Un exemple parmi tant d’autres: la céramique doit être installée par un carreleur et non par un poseur de revêtements souples (qui installe les tapis). Pourtant, nombreux sont les travailleurs qui connaissent les rudiments de plusieurs métiers. En Ontario, par exemple, on ne compte que six métiers de la construction à certification obligatoire.

Sans cet obstacle, les travailleurs québécois de la construction pourraient hausser leur productivité, ce qui permettrait au gouvernement et aux contribuables québécois d’épargner sur les coûts de construction d’ouvrages, notamment pour les infrastructures. Dans une étude de 2002, l’économiste Pierre Fortin a estimé l’impact total de la Loi R-20 sur l’augmentation du coût global de construire à 10,5%.

Les conséquences du cloisonnement des métiers

Dans la Note économique, M. Descôteaux remarque que: «le cloisonnement des métiers, en raison de la rigidité qu’il introduit dans l’organisation du travail du secteur assujetti, est parmi les sources les plus fréquemment mentionnées d’allongement des travaux par les intervenants de l’industrie». Une enquête de Samson Bélair en 2002 a permis d’estimer que la Loi R-20 augmente de 17% le temps requis pour exécuter les travaux de construction dans l’industrie de la machinerie de production.

L’étude explique également que bien que l’industrie de la construction soit en situation de pénurie de main-d’œuvre, la Loi R-20 fait en sorte que les salariés assujettis à la loi déclarent un nombre annuel d’heures travaillées bien en deçà de leur potentiel. La moyenne d’heures travaillées des salariés exerçant un métier qui ont déclaré au moins une heure à la Commission de la construction du Québec en 2008 était de 963. À titre comparatif, le travailleur québécois moyen travaille près de 1600 heures par année. Cette différence s’explique par plusieurs facteurs (dont le chômage temporaire vécu par le travailleur entre deux chantiers et les heures consacrées à des travaux non couverts par la Loi R-20 comme la rénovation résidentielle), mais peut entre autres découler d’un manque de travail dans des métiers «trop spécialisés». On peut aussi présumer que le faible nombre d’heures déclarées résulte en partie du travail au noir, mais le travail au noir est justement favorisé par la rigidité de la réglementation.

«Il est clair que certaines rigidités imposées par la Loi R-20, dont le cloisonnement des métiers, nuisent à la productivité du secteur de la construction au Québec. Heureusement, le Québec n’a rien à envier à ses voisins pour ce qui est du talent de ses travailleurs et entrepreneurs de la construction», a relevé Michel Kelly-Gagnon, P.-D.G. de l’IEDM. «Par ailleurs, certains indices laissent entendre que l’affirmation selon laquelle les coûts de construction sont systématiquement plus élevés au Québec n’est pas nécessairement vraie. Même s’il ne faut pas ignorer les dangers de la corruption, il ne faut pas non plus sous-estimer l’impact d’une réglementation du travail restrictive sur le coût des infrastructures».

Le texte intégral de la Note économique publiée aujourd’hui, qui s’intitule Le cloisonnement des métiers de la construction, peut être consulté sans frais sur notre site.

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L’Institut économique de Montréal est un organisme de recherche et d’éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l’IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.

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Renseignements et demandes d’entrevues: Ariane Gauthier, coordonnatrice des communications, Institut économique de Montréal, Tél. : 514 273-0969 p. 2231 / Cell. : 514 603-8746 / Courriel : agauthier (@iedm.org)

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