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Communiqués de presse

L’eau du Nord, un projet pour valoriser l’or bleu québécois de façon écologiquement responsible

Montréal, 15 juillet 2009 – La mise en réserve saisonnière des eaux de crues de trois rivières encore inexploitées de la Baie James et leur canalisation jusque dans l’Outaouais permettraient de générer une énergie hydroélectrique annuelle de 14 TWh et des revenus annuels de près de 2 milliards $. Mais plus important encore, selon l’auteur de l’étude intitulée L’eau du Nord, ce projet d’ingénierie permettrait au Canada d’exporter aux États-Unis une quantité d’eau équivalente à partir des Grands Lacs, sans modifier le débit du Saint-Laurent, et d’en retirer possiblement chaque année des revenus d’environ 7,5 milliards $.

Dans cette Note économique publiée par l’Institut économique de Montréal (IEDM), l’auteur, Pierre Gingras, un spécialiste en génie industriel qui a oeuvré pendant 31 ans chez Hydro-Québec, conclut que «la rentabilité de ce projet ne fait pas de doute, puisque la production d’hydroélectricité suffit à l’assurer en majeure partie, avant même de considérer les revenus d’exportation d’eau».

Le président de l’IEDM, Michel Kelly-Gagnon, ajoute que «ce projet nous semble à première vue très sérieux et mérite, à tout le moins, qu’on y consacre une étude d’impact économique et environnemental indépendante et crédible plutôt que de rejeter le tout du revers de la main pour des motifs strictement idéologiques ou des craintes politiques irrationnelles».

Un projet réaliste

Lorsqu’on parle d’exportation en vrac de l‘eau, les images qui viennent souvent en tête font référence à des projets pharaoniques ou à l’assèchement de rivières. Le projet Eau du Nord recourt plutôt à une troisième option qui propose d’accumuler les surplus d’eau générés par les crues saisonnières des rivières Broadback, Waswanipi et Bell qui se jettent dans la Baie James, de les pomper et de les acheminer jusqu’à la rivière Outaouais et au fleuve Saint-Laurent par des ouvrages de génie civil d’envergure modeste. Les centrales ajoutées aux barrages déjà en place sur le parcours fourniraient une quantité nette de quelque 14 TWh d’hydroélectricité, après avoir soustrait l’énergie utilisée pour faire fonctionner les stations de pompage situées plus en amont. À titre de comparaison, le projet des quatre barrages de La Romaine sur la Côte-Nord ajouterait une production de 8 TWh.

L’exportation d’eau à partir des Grands Lacs permettrait de répondre aux besoins grandissants en eau potable au sud de notre frontière sans qu’une goutte d’eau n’ait à sortir du Québec. On utiliserait les ouvrages de retenue d’eau entre Montréal et les Grands Lacs pour rétablir un niveau élevé d’eau dans ces derniers. Le nouvel apport de la rivière Outaouais régulariserait le niveau du fleuve Saint-Laurent, dont le débit est régi par une Commission mixte internationale.

Un projet rentable

Le coût de réalisation total du projet reviendrait à environ 15 milliards $. En comparaison, le coût du complexe La Romaine est évalué à 6,5 milliards $. Le revenu annuel minimum de la vente d’électricité sur le marché québécois de 2018 est estimé à près de 2 milliards $, soit 14% des sommes investies. La vente sur les marchés d’exportation n’est pas prise en compte et pourrait rapporter encore davantage.

Quelle serait la valeur de l’eau exportée? Si on l’estime sur la base du coût actuel de dessalement (0,85 $ / m3), on obtient le montant de 20 milliards $ pour les 25 milliards m3 d’eau dérivés par le projet Eau du Nord. Une autre façon d’apprécier la valeur de l’eau exportée est de présumer que les 150 millions de personnes dont les besoins en eau pourraient être comblés paieraient un tarif unitaire de 50 $ par année. Le revenu annuel d’exportation d’eau s’établirait alors à 7,5 milliards $. Enfin, tout au long du Mississipi, où l’eau pourrait être exportée, des prix plus élevés encore pourraient être offerts par les différents États.

Michel Kelly-Gagnon remarque que «si ce projet devait être mis en œuvre un jour, il générerait pour le Canada non seulement des revenus colossaux, mais renforcerait son positionnement géopolitique face à son voisin du sud, ce qui est loin d’être négligeable».

Un projet respectueux de l’environnement

Ce projet aurait un impact limité sur l’environnement, dont celui de la rivière des Outaouais, son débit étant maintenu stable et bien moindre que les débits de crues naturels. En effet, environ 860 des 1200 km parcourus par l’eau sont constitués de lacs et de réservoirs qui demeureraient inchangés. Les rivières aménagées ne seraient pas asséchées et la surface des terres immergées serait peu importante. Les ouvrages hydroélectriques mettraient en valeur une énergie renouvelable et non polluante. De plus, des crédits de pollution très rentables pourraient s’ajouter si une partie de l’hydroélectricité produite était exportée pour se substituer à l’énergie générée par des centrales thermiques.

L’auteur

La Note économique L’eau du Nord a été préparée par F. Pierre Gingras, spécialiste en génie industriel. Il a oeuvré pendant 31 ans dans la construction d’ouvrages hydroélectriques auprès d’Hydro-Québec, dont 17 à titre de responsable de l’unité de planification et d’estimation des grands projets. Il a collaboré à la réalisation des complexes Manicouagan, Aux Outardes et Baie James. Depuis sa retraite, M. Gingras est demeuré actif dans ce domaine et a été impliqué dans les études d’une cinquantaine de projets avec différents consultants, promoteurs et conseils autochtones. Il participe également à la présentation de mémoires au BAPE.

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L’Institut économique de Montréal est un organisme de recherche et d’éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l’IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.

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Renseignements et demandes d’entrevues : André Valiquette, directeur des communications, Institut économique de Montréal, Tél. : 514 273-0969 p. 2225 / Cell. : 514 574-0969 / Courriel : avaliquette (@iedm.org)

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