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Communiqués de presse

Hausser les tarifs d’électricité au prix du marché permettrait de valoriser le potentiel énergétique du Québec

Montréal, 30 avril 2007 – Les Québécois, à titre de propriétaires d’Hydro-Québec, ne profitent pas du soi-disant «pacte social» en vertu duquel la demande d’électricité doit être satisfaite au plus bas prix possible. Cette politique subventionne indirectement certains consommateurs au détriment des autres et favorise la surconsommation d’électricité. Cesser le gaspillage de nos ressources et appliquer une politique d’équité, en augmentant progressivement les tarifs au prix du marché d’exportation, assurerait un mieux-être pour tous les citoyens. Dans une Note économique publiée par l’Institut économique de Montréal (IEDM), son vice-président et économiste en chef, Marcel Boyer, conclut que cette hausse «générerait des revenus additionnels, des économies d’énergie et une capacité d’exportation accrue, ce qui permettrait d’accorder, au choix, une redevance à chaque citoyen, de réduire les impôts, de rembourser la dette ou d’améliorer les services publics».

Un gaspillage de ressources

La Régie de l’énergie a décrété une augmentation moyenne de 1,92 % des tarifs d’électricité au 1er avril 2007. Divers représentants de groupes de consommateurs, de gens d’affaires et de politiciens se sont déclarés satisfaits de cette décision. On entend souvent dire que «toute la population profite des bas prix», mais c’est inexact. Au-delà des avantages particuliers pour certains groupes, par exemple les alumineries et d’autres consommateurs industriels ainsi que des propriétaires de grandes maisons avec piscine chauffée, c’est tout le Québec qui perd les bénéfices potentiels d’une exploitation optimale. Ces bas prix cachent un fardeau fiscal plus important puisque l’État doit récupérer ailleurs cet argent perdu.

Cette politique de bas prix favorise le développement d’activités économiques fortement consommatrices d’électricité au détriment d’autres investissements davantage créateurs d’emplois et de richesses. Elle nuit également au développement durable en laissant nos clients étrangers potentiels choisir des sources d’énergie relativement polluantes, comme les centrales au charbon du Nord-Est américain, plutôt que l’hydroélectricité plus propre que nous pourrions leur vendre.

Les augmentations faibles des prix de l’électricité depuis huit ans (14 %) pénalisent une partie des citoyens du Québec qui utilisent le mazout (130 %) ou le gaz naturel (58 %). Ils représentent aussi un transfert des plus pauvres vers les plus riches puisqu’ils favorisent une surconsommation de la part de ces derniers et privent le gouvernement de ressources nécessaires au financement de programmes d’aide.

Le véritable coût de l’électricité

Le véritable coût de l’électricité pour les Québécois n’est pas son coût de production, qui a été particulièrement faible dans le passé grâce à un patrimoine naturel exceptionnellement favorable. Le véritable coût, c’est le coût d’opportunité : que pourrait-on faire de mieux avec nos kilowattheures (kWh) si nous ne les consommions pas? À quoi renonçons-nous en les consommant à un prix aussi bas? Ce coût réel se situe autour de 0,10 $ par kWh, le revenu qu’on obtiendrait en les exportant.

Les avantages de rejoindre le prix du marché

Il y a des avantages à amener progressivement les utilisateurs résidentiels, commerciaux et industriels, à payer le prix du marché en leur envoyant les bons signaux, ceux de la vérité des prix. Depuis la déréglementation des prix de gros de l’électricité an Amérique du Nord il y a une dizaine d’années, la valeur de nos équipements hydroélectriques a beaucoup augmenté. Nos installations ont la flexibilité nécessaire, contrairement aux centrales thermiques de nos voisins, pour vendre l’électricité à prix élevé lorsque la demande est forte et pour acheter à bas prix lorsque la demande est faible, par le jeu du remplissage des réservoirs.

Rentabiliser notre énergie hydroélectrique encouragerait l’investissement, l’innovation technologique et la modification des comportements des consommateurs, ce qui est plus efficace que des mesures punitives ou réglementaires. Les prix du marché permettraient à l’ensemble des entreprises de s’adapter par une utilisation optimale des ressources et l’introduction de technologies vertes, incluant le développement de l’énergie éolienne et géothermique, en plus du gaz naturel. Alors que l’État québécois investit dans des programmes très ambitieux d’économie d’énergie, on oublie le mécanisme le moins coûteux, le plus équitable socialement et le plus efficace pour favoriser l’économie d’énergie: un prix égal au véritable coût.

Si on élevait les tarifs au prix du marché, leur hausse moyenne serait d’environ 50%. Les revenus additionnels pourraient être utilisés pour, au choix, réduire les impôts, rembourser la dette, favoriser le réinvestissement en éducation et en formation continue ou améliorer les infrastructures. On pourrait aussi redistribuer entièrement ces bénéfices aux citoyens, à l’image des «chèques de prospérité» albertains, qui atteindraient plus de 700 $ par personne chaque année, donc 2 800 $ pour une famille de quatre personnes. Cette redevance compenserait dans la grande majorité des cas la totalité et même beaucoup plus que l’augmentation de la facture d’électricité résidentielle. Évidemment, si laisser le prix de l’électricité augmenter et refléter son coût réel devait affecter trop durement les ménages à plus faible revenu, alors le gouvernement pourrait les protéger adéquatement en utilisant divers programmes d’aide, tel un crédit d’impôt remboursable.

La Note économique Hausser les tarifs d’électricité afin de valoriser le potentiel énergétique du Québec a été préparée par le vice-président et économiste en chef de l’IEDM, Marcel Boyer. Il est aussi titulaire de la Chaire Bell Canada en économie industrielle de l’Université de Montréal.

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Renseignements et demandes d’entrevues: André Valiquette, Directeur des communications, Institut économique de Montréal, Tél.: 514 273-0969 / Cell.: 514 574-0969 / Courriel: avaliquette@iedm.org

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