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Communiqués de presse

300 000 $ par an par emploi créé – Les subventions aux alumineries: des bénéfices qui ne sont pas à la hauteur

Montréal, 12 avril 2007 – Les subventions annoncées par le gouvernement du Québec aux alumineries d’Alcan constituent une perte pour la société québécoise. Cette erreur ne doit pas être répétée dans les négociations avec Alcoa ou dans la renégociation des contrats à risques partagés avec d’autres grands consommateurs d’électricité. Dans une Note économique publiée par l’Institut économique de Montréal, deux professeurs au département d’économique de l’Université Laval, Gérard Bélanger et Jean-Thomas Bernard, concluent que «les ententes récentes dans le secteur de l’aluminium et celles en préparation ne tiennent pas compte de la logique économique élémentaire et vont nuire au développement économique du Québec pour les décennies à venir, à moins que le gouvernement n’emprunte une autre voie».

Les décrets

En février dernier, deux décrets du gouvernement du Québec ont officialisé l’importante subvention octroyée à Alcan dans le cadre de son projet d’aluminerie au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Pour une création de 740 emplois, le gouvernement renonce, selon les deux chercheurs, à 2,7 milliards $ de recettes, en contrepartie d’un investissement par Alcan de 2 milliards $. De plus, un autre joueur important, Alcoa, a frappé et frappe toujours à la porte du gouvernement pour obtenir de l’aide pour ses projets de rénovation et d’expansion à ses usines de Deschambault et de Baie-Comeau.

Un coût trop élevé pour la société québécoise

Le coût total de la subvention à Alcan, pour le gouvernement, équivaut à près de 300 000 $ par emploi par année durant 35 ans. Le coût véritable de l’électricité octroyée découle du coût d’opportunité de cette électricité pour l’État québécois. Le coût d’opportunité équivaut à la solution de rechange la plus avantageuse. Dans le cas présent, c’est le prix à l’exportation qu’on obtiendrait en vendant notre électricité sur le marché à nos voisins américains.

L’argument le plus utilisé pour justifier l’aide gouvernementale est celui des retombées économiques. Les justifications apportées dans ce dossier par les ministres Bachand et Corbeil procèdent de calculs truffés de double comptage et qui négligent les alternatives. Il faut faire la même analyse pour les solutions de rechange qui peuvent être considérées. Ainsi, le gouvernement renonce à 2,7 milliards $ au minimum. Cette somme aurait pu être utilisée, par exemple, pour améliorer le réseau routier québécois. C’est un projet d’investissement qui pourrait générer davantage de retombées économiques directes et indirectes que les 2 milliards $ d’Alcan.

Toute dépense génère des retombées économiques, peu importe qui fait l’investissement. Avec le dividende d’Hydro-Québec, le gouvernement pourrait baisser le fardeau fiscal maintenant et dans le futur, ce qui permettrait à une multitude d’investisseurs privés de créer des emplois tout aussi valables que ceux promis par des entreprises subventionnées. Il est donc faux d’affirmer que «l’électricité exportée ne crée pas d’emplois au Québec» comme le soutient l’Association de l’aluminium du Canada.

Le gouvernement du Québec compte sur diverses retombées économiques pour combler l’écart considérable entre le prix de l’électricité payé par Alcan et le coût d’opportunité relié à l’exportation. Le problème, c’est que les négociateurs du gouvernement ne parviendront jamais à compenser cet écart par les avantages consentis aux alumineries, puisque si le gouvernement se montre trop exigeant sur le plan des retombées, ces alumineries iront s’établir là où le prix de l’électricité et les autres conditions sont plus favorables qu’au Québec, comme en Australie, en Islande, au Qatar ou en Afrique du Sud.

Ces pays, qui peuvent produire de l’électricité à faible coût, doivent la transformer en des produits exportables, comme l’aluminium, à cause de leur éloignement des marchés d’exportation d’électricité. Ce n’est pas le cas du Québec qui est entouré de régions où les prix de l’électricité sont deux à trois fois plus élevés. Le Québec dispose d’un avantage d’emplacement par rapport à ces pays. Il est beaucoup plus rentable d’exporter l’électricité directement par les interconnexions qu’indirectement par des lingots d’aluminium.

Tirer parti d’un nouveau contexte

Deux changements majeurs sont survenus au cours des dernières années. Il y a d’abord l’accroissement des coûts de la construction des barrages sur des rivières éloignées. L’ère du développement hydroélectrique à faible coût tire donc à sa fin au Québec. L’autre changement a été l’ouverture du marché de gros de l’électricité aux États-Unis en 1998. Hydro-Québec peut maintenant vendre directement l’électricité au prix du marché.

Si nous considérons le coût de développement des nouvelles sources d’électricité au Québec ainsi que le marché de l’exportation, la vente de l’électricité à faible prix aux alumineries constitue une perte pour la société québécoise. La politique industrielle du gouvernement québécois ne reflète pas encore cette nouvelle réalité.

La Note économique Les subventions aux alumineries: des bénéfices qui ne sont pas à la hauteur a été préparée par Gérard Bélanger et Jean-Thomas Bernard, professeurs au département d’économique de l’Université Laval.

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Renseignements et demandes d’entrevues: André Valiquette, Directeur des communications, Institut économique de Montréal, Tél.: 514 273-0969 / Cell.: 514 574-0969 / Courriel: avaliquette@iedm.org

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