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Textes d'opinion

Quelques faits élémentaires à retenir dans le débat entourant la crise des finances publiques américaines

Traduction de la chronique de Michel Kelly-Gagnon, parue le 18 août dans le Huffington Post, publiée en exclusivité sur ce site.

Dans l’actuel débat entourant la crise des finances publiques américaines, il est parfois difficile de s’y retrouver.

À travers ce déluge d’informations et d’avis divergents auxquels le public est soumis, on retrouve trois opinions largement répandues, mais erronées.

Mythe No 1 : Les extrémistes « de droite » auraient forcé la main au président Obama afin d’imposer d’énormes réductions de dépenses.

En fait, on parle ici plutôt d’une « diminution du rythme d’augmentation des dépenses ». En effet, le Congressional Budget Office, un organisme indépendant lié au gouvernement fédéral américain, estime que, suite à l’accord adopté la semaine dernière par le Congrès, les dépenses discrétionnaires du gouvernement fédéral augmenteront tout de même de 18,3% au cours des dix prochaines années, ceci par rapport au 24,5% d’augmentation qui avait initialement été prévu. Les réductions de dépenses de 917 milliards (qui, rappelons-le, sont des réductions espérées) paraissent bien maigres en regard des 5000 milliards de dollars qu’on prévoit ajouter à la dette au cours de la prochaine décennie.

Mythe No 2 : Les États-Unis pourraient régler leur problème de déficit et, éventuellement, de dette, s’ils sabraient énergiquement dans leurs dépenses militaires.

En fait, depuis 1970, la part des dépenses militaires dans les dépenses totales de l’État fédéral américain a diminué de plus de la moitié, passant de 41% à 19%. Pourtant, cela n’a pourtant pas empêché le gouvernement américain d’accumuler les déficits et de s’endetter. Durant le même intervalle, les transferts aux individus (Medicare, Medicaid, etc.) ont quant à eux plus que doublé en proportion des dépenses publiques totales, tant et si bien qu’ils accaparent aujourd’hui près des deux tiers du budget de l’État fédéral.

Soyons clair : mon propos n’est absolument pas de dire que les États-Unis ne devraient pas tenter de réduire leurs dépenses militaires. En fait, personnellement, je crois qu’ils devraient le faire. Je souligne simplement qu’un pays qui emprunte 40 cents pour chaque dollar dépensé (comme c’est actuellement le cas aux États-Unis) ne peut espérer se sortir du trou en concentrant uniquement ses efforts de contrôle des dépenses sur un poste budgétaire qui ne représente que 19% du budget total.

Mythe No 3 : Les États-Unis pourraient régler leur problème de déficit si seulement ils taxaient davantage les « riches ».

Des trois, c’est probablement le cliché le plus souvent entendu. Pourtant, là encore, les faits sont têtus : une hausse (même très importante) du taux d’imposition des contribuables aisés qui ne serait pas par ailleurs combinée à d’importantes réductions de dépenses ne permettra pas de régler le problème des déficits chroniques du gouvernement fédéral américain.

En effet, prenons par exemple la proposition de Barack Obama de faire contribuer davantage les gens gagnant 250 000$ et plus par année. Eh bien, il faudrait augmenter les deux plus haut taux d’imposition à… 132% et 142% afin de seulement combler le déficit de $1300 milliards réalisé en 2010 (Dubay, 2011, p. 2)!

Même les gens d’extrême gauche seront d’accord avec moi pour dire qu’il pourrait être un peu difficile de taxer les gens à un taux qui dépasse 100% de leurs revenus…

Soyons clair : aux fins de cet article je n’entre même pas dans le débat qui consiste à savoir si un transfert de ressources des gens les plus productifs de la société vers les fonctionnaires et les politiciens constitue, en soi, une bonne chose. Je montre simplement ici que, mathématiquement parlant, les États-Unis ne pourront se sortir de leur gouffre financier que s’ils réduisent d’abord leurs dépenses.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l’Institut économique de Montréal.

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