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Communiqués de presse

Une étude de l’Institut économique de Montréal conteste la pertinence des «cités»

Montréal, 1er février 2002 – La politique du gouvernement québécois de créer des «cités» pour stimuler le développement de la nouvelle économie n’a pas vraiment de fondement dans la théorie économique et aura un impact négatif sur le marché immobilier.

C’est cette conclusion sévère que tire une étude de l’Institut économique de Montréal divulguée aujourd’hui et intitulée Les «cités»: une politique efficace pour la nouvelle économie?

Depuis quelques années, le gouvernement québécois encourage les entreprises oeuvrant dans un même domaine à déménager à l’intérieur de zones désignées au moyen d’exemptions fiscales qui coûteront plus de 2 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. Cette politique des cités, dont les plus connues sont la Cité multimédia, la Cité du commerce électronique et le Centre national des nouvelles technologies de Québec, vise principalement à créer des synergies entre les entreprises et à revitaliser certains secteurs urbains.

Selon le directeur de la recherche de l’IEDM et auteur de cette étude, Pierre Desrochers, cette politique ne repose toutefois sur aucune analyse économique détaillée. M. Desrochers a passé plusieurs années à étudier l’impact de la proximité géographique sur l’innovation. Selon lui, s’il est vrai qu’on retrouve des concentrations géographiques d’entreprises d’un même secteur dans tous les lieux et à toutes les époques, celles-ci se produisent spontanément selon des critères qui correspondent à chaque secteur industriel, et il n’y a aucune raison de croire qu’il est nécessaire de dépenser des milliards de dollars pour les susciter. D’ailleurs, ajoute-t-il, «cette politique des cités ne diffère pas fondamentalement d’autres mesures, telles que les parcs scientifiques et les pôles de croissance, qui ont toutes échoué dans le passé».

Qui plus est, le phénomène contraire, c’est-à-dire les contacts avec les fournisseurs ou clients extérieurs ainsi qu’avec des entreprises d’autres secteurs d’activités dans un environnement économique diversifié, est aussi essentiel pour l’innovation que la «synergie» tant vantée entre entreprises du même secteur. En suscitant une concentration géographique indue, la politique des cités peut donc nuire à d’autres aspects du développement d’une industrie.

L’étude de l’IEDM note enfin qu’en soutenant financièrement le déménagement d’entreprises d’un quartier à un autre, cette politique porte un préjudice important aux parcs industriels, aux propriétaires immobiliers et aux commerces qui ne sont pas situés dans les zones désignées. La principale victime de ce processus est ironiquement le gouvernement du Québec lui-même, car il est le plus grand propriétaire immobilier du centre-ville de Montréal par l’intermédiaire de la Caisse de dépôt et placement. Selon Pierre Desrochers, «le gain d’une cité industrielle, c’est toujours la perte d’un autre quartier».

L’étude de l’IEDM fait trois recommandations à la suite de cette analyse. Au lieu d’offrir des incitatifs fiscaux ciblés, le gouvernement du Québec devrait baisser les impôts pour tous et laisser les entrepreneurs décider eux-mêmes, au meilleur de leur jugement, de questions telles que la localisation de leur entreprise et les liens à développer avec leur milieu.

Si le gouvernement estime malgré tout nécessaire d’accorder ces avantages fiscaux pour encourager le développement de certains secteurs de la nouvelle économie, il devrait alors le faire pour toutes les entreprises de ces secteurs, où qu’elles soient installées sur le territoire de la province. Il n’existe aucune raison de croire qu’ajouter une contrainte géographique à ces mesures comporte des bénéfices.

Enfin, si le gouvernement tient malgré tout à ajouter une contrainte géographique, celle-ci devrait être substantiellement assouplie pour éviter les déplacements inutiles d’emplois d’un quartier à l’autre à l’intérieur d’une même ville. Une modification de ce type ferait au moins en sorte d’éviter les effets les plus néfastes de la politique des cités.

On peut consulter le texte complet de l’étude Les «cités»: une politique efficace pour la nouvelle économie? sur le site Web de l’Institut économique de Montréal.

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Pour renseignements supplémentaires: Pierre Desrochers, directeur de la recherche à l’IEDM, au (514) 273-0969 ou à pdesrochers@iedm.org.

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