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Textes d'opinion

D’étranges sophismes économiques

Article publié exclusivement sur le site de l’Institut économique de Montréal.

Les chefs syndicaux s’appuient sur d’étranges sophismes économiques pour défendre le renforcement de la loi sur les briseurs de grève, tel que le proposait récemment la Commission Jeunesse du PLQ.

Dans leur réplique au Conseil du patronat (La Presse, 25 août), ils mettent l’accent sur le fait que la demande des ménages et le pouvoir d’achat des travailleurs sont «un atout irremplaçable de notre économie». Et comme le syndicalisme «permet justement de mieux répartir la richesse», cela expliquerait pourquoi le Québec – plus syndiqué et plus égalitaire – se sort mieux de la crise que ses voisins.

Cette vision keynésienne ultra naïve comporte plusieurs problèmes. Tout d’abord, que le pouvoir d’achat soit plus ou moins également distribué ne change rien à la demande globale. L’idée de Keynes selon laquelle les riches contribuent à réduire la demande et donc à ralentir l’économie en épargnant relativement plus, comme s’ils cachaient leur argent sous le matelas au lieu de l’investir et de le rendre disponible à d’autres fins, est l’une des plus discréditées de la science économique.

Par ailleurs, la demande n’est logiquement que le reflet de notre capacité de produire. C’est la productivité qui nous enrichit, c’est-à-dire notre capacité de produire plus et plus efficacement. Stimuler artificiellement la demande selon le modèle keynésien, comme le fait aujourd’hui à outrance le gouvernement Obama, ne fait qu’endetter davantage le pays sans assurer une relance durable. Ce sont les politiques monétaires et autres ayant indûment stimulé le marché immobilier américain – c’est-à-dire la demande pour des propriétés – qui sont en grande partie responsables de la crise, et pas les inégalités de revenu.

Justement, le Code du travail québécois, comme l’exprimait le CPQ, affaiblit la productivité et la compétitivité du Québec en effrayant les investisseurs étrangers et en rendant la vie plus dure à nos entrepreneurs. Le résultat est que nous produisons moins et que nous sommes plus pauvres que nos voisins depuis plus de trente ans, nonobstant la crise actuelle.

Renforcer le Code du travail n’aura que davantage d’effets pervers sur notre économie. Si les chefs syndicaux veulent vraiment accroître le pouvoir d’achat des ménages et travailleurs d’ici, c’est ça qui devrait plutôt les préoccuper.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l’Institut économique de Montréal.

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