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Textes d'opinion

Place à la concurrence

À l’approche des élections municipales montréalaises, les cols bleus manifestent devant l’Hôtel de Ville pour réclamer des augmentations de salaire et une limitation du recours à la sous-traitance. Pendant ce temps, on entend beaucoup de promesses creuses de tous les partis en ce qui a trait aux finances publiques et à la fiscalité. Facile de suggérer une amélioration de l’efficacité de la bureaucratie ou une réduction du gaspillage.

La situation relative de la ville de Montréal n’est pas très reluisante: dans le classement du magazine Maclean’s, qui a évalué la gestion de 29 villes canadiennes, elle obtient le 28e rang dans la catégorie fiscalité et le 27e dans la catégorie gouvernance et finances publiques! J’invite les candidats à se positionner clairement quant à ces questions et à proposer des solutions concrètes pour renverser la vapeur.

Il n’existe pas des dizaines de façons de réduire le fardeau fiscal d’une ville sans couper dans les services. Malheureusement, changer le conducteur du train, si celui-ci garde la même locomotive et avance sur la même voie ferrée, ne changera pas grand-chose à la destination. Pour s’attaquer à la situation des finances publiques et alléger le fardeau fiscal, une véritable révolution est nécessaire. Cette révolution porte un nom: la concurrence.

Comme je l’explique dans mon Manifeste pour une social-démocratie concurrentielle et comme l’ont relevé d’autres commentateurs, le dilemme n’est pas entre secteur public et secteur privé. Une entreprise privée en particulier n’est pas forcément plus efficace ou moins corrompue que le secteur public. Autrement, il n’y aurait jamais de faillites et de fraude. La concurrence est le facteur qui explique pourquoi un secteur est plus efficace. Le monopole, dans les services publics comme ailleurs, mène systématiquement au gaspillage et à la stagnation. Le rapport du vérificateur général de la Ville de Montréal, Jacques Bergeron, le confirme une fois de plus.

Le modèle de la concurrence devrait être le mode de gouvernance privilégié pour le développement et le maintien de toutes les infrastructures municipales: routes, transport en commun, distribution et traitement de l’eau, parcs et jardins publics, équipements de loisirs, services de police et d’incendie, etc. Tous les services municipaux devraient être évalués à intervalles réguliers (que ce soit trois, quatre ou cinq ans) pour vérifier si les services sont compétitifs et comparables en qualité aux meilleurs dans des villes comparables, pour revoir et contester les méthodes actuelles de fourniture et pour consulter tant la population que des spécialistes sur la façon d’améliorer le système.

Les employés municipaux, syndiqués ou non, doivent être soumis à ce régime. Il est fort possible qu’ils soient les plus efficaces dans leur domaine et remportent les contrats offerts. On doit simplement leur donner une occasion de le prouver en bousculant un peu le confort de leurs privilèges. Ils perdraient peut-être une partie de leurs avantages, mais gagneraient le respect de leurs concitoyens en démontrant la valeur de leur travail.

En somme, l’obligation de rendre compte qui incombe aux élus montréalais doit s’incarner concrètement dans la mise en place d’un processus rigoureux, indépendant et transparent d’étalonnage et de mise en concurrence des services. Je le répète, l’objectif n’est pas la privatisation des services municipaux. Il s’agit simplement de les rendre concurrentiels. Le recours systématique aux mécanismes de marché permettrait d’obtenir des services de meilleure qualité et à meilleur coût.

Marcel Boyer est économiste principal à l’Institut économique de Montréal.

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