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Textes d'opinion

En 2009, cessons de croire au Père Noël !

En ce début d’année 2009, les traditionnels voeux de santé et de bonheur ont été supplantés par des souhaits de bonne chance sur le marché du travail et à la Bourse. C’est dire toute l’importance qu’a prise la crise financière, devenue une crise économique mondiale, dans l’esprit des gens. Si on peut espérer sortir de la crise économique cet été, il faudra probablement quelques années avant que les titres boursiers et autres placements financiers retrouvent leur valeur de juin 2008.

Alors que souhaiter pour 2009? D’abord, de cesser de croire au Père Noël sur les marchés financiers: des hypothèques aux conditions invraisemblables et des placements aux rendements faramineux sans risque illustrent bien que les promesses trop belles pour être vraies n’engagent que ceux qui y croient.

Deuxième souhait: qu’on traîne sans pitié devant les tribunaux ces Pères Noël frauduleux. Pour ce faire, il faut allouer des ressources suffisantes aux organismes responsables de la qualité des données financières, et centrer leur mandat de manière à éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain. Séparer l’ivraie du bon grain est une tâche très délicate en économie et en finance, domaines où l’entrepreneuriat et l’innovation sont la source de la croissance et de la volatilité.

Troisième souhait: qu’on corrige les mandats flous des institutions gouvernementales et quasi gouvernementales, telles que Fannie Mae et Freddie Mac, aux États-Unis, où les interventions politiques viennent fausser l’analyse économique et financière et les mécanismes de responsabilisation.

Chez nous, transformer la Caisse de dépôt et placement en un organisme politiquement dépendant serait une erreur qui, malgré les bonnes intentions de ceux qui le proposent, ne peut que mener à un gaspillage de fonds publics.

Quatrième souhait: qu’on concentre les politiques économiques sur le rétablissement de la confiance. La perte de confiance actuelle n’est pas un problème de demande insuffisante, mais plutôt un problème systémique de perte de liquidité : des titres auparavant très liquides – des titres de quasi-monnaie – sont devenus subitement invendables, et des règles comptables telles que le mark-to-market sont devenues nuisibles. Les annonces de dépenses gouvernementales gargantuesques peuvent contribuer à la perte de confiance en laissant entendre une crise de plus en plus grave, faisant augmenter les primes de risque et rendant plus difficiles les conditions d’accès au crédit bancaire. La solution à la crise passe par le retour de la liquidité des moyens de paiement grâce au rachat des titres de quasi-monnaie. Une responsabilité qui incombe aux banques centrales.

Enfin, cinquième souhait: qu’on évite l’ultime danger d’un recours aux mesures protectionnistes et d’achat local comme tentative de mousser la demande de produits et services locaux, ce qui ferait augmenter le coût de la vie. Il y a un réel danger de voir apparaître le cercle vicieux où le protectionnisme répond au protectionnisme, plongeant les économies dans un marasme: rappelons que deux emplois sur cinq au Canada dépendent des marchés étrangers.

Faire de la Caisse de dépôt et placement un organisme dépendant du pouvoir politique mènera à un gaspillage de fonds publics.

Marcel Boyer est économiste en chef à l’Institut économique de Montréal et professeur en économie industrielle à l’Université de Montréal.

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