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Textes d'opinion

11 idées pour changer le Québec – 100 milliards

 

Onze idées pour changer le Québec : l’IEDM lance un débat !
L’IEDM propose aux Québécois une discussion autour d’idées de réformes qui pourraient être mises en vigueur d’ici cinq ans, la plupart d’entre elles d’ici 12 ou 24 mois. Ces idées ont été publiées dans le Journal de Montréal le 12 janvier 2008.

Autoriser l’exportation de 100 milliards de mètres cubes d’eau.

L’eau est en train de devenir un produit précieux, une source de richesse et une importante occasion d’investissement. La raison est simple: comme pour bien d’autres richesses naturelles, la consommation mondiale augmente rapidement, exigeant la mise en production de réserves de plus en plus coûteuses, vu les coûts croissants de potabilisation. De toute évidence, nous nous dirigeons vers la mise en place plus ou moins ordonnée de marchés de l’eau, d’abord sur une base régionale et ensuite, dans un avenir pas très lointain, sur une base continentale et éventuellement planétaire pour des transferts à grande échelle de cette ressource essentielle(1).

Sur notre planète, 97 % de l’eau est constituée d’eau salée et plus des deux tiers du résidu sont inaccessibles, car enfermés dans les calottes polaires, les glaciers ou le roc profond. Ainsi, moins de 1 % de l’eau existe sous forme d’eau douce accessible. Chaque année, l’agriculture consomme près de 70 % de l’eau douce accessible, l’industrie un autre 20 % et le reste sert à l’utilisation municipale, pour la consommation et autres usages directs. L’utilisation de l’eau douce de même que sa répartition sectorielle et territoriale sont tributaires de règles de tarification non seulement désuètes, mais aussi et surtout non soutenables, car engendrant des gaspillages considérables alors que la grande majorité des humains et des régions habitées souffrent déjà et de plus en plus de détresse hydrique.

Les anomalies qu’on retrouve actuellement dans les « marchés » de l’eau sont dues au fait que ce secteur est fortement contrôlé ou réglementé par les gouvernements dont les objectifs ne sont pas toujours de véritablement valoriser les ressources que peut contenir le territoire sous leur gouverne. Ainsi, les tarifs de l’eau sont fortement manipulés pour des raisons qui n’ont que très peu à faire avec l’exploitation ou la conservation de la ressource. Le gouvernement fournit encore deux tiers de l’eau en Europe, 85 % aux États-Unis, et 95 % en Asie. Au Canada, c’est presque 100 %.

L’ONU estime que seuls quelques rares pays, dont le Canada, ne souffriront pas de stress hydrique en 2025. Le Canada possède la plus grande réserve d’eau douce au monde, soit 8 % du stock mondial ou 50 000 m3/personne. Quant au Québec, il possède sur son territoire 3 % de l’eau douce renouvelable du globe, alors qu’il ne représente qu’un dixième de 1% de la population. Cela représente 135 000 m3 par habitant par année, huit fois plus que le volume moyen par habitant sur la planète et 13 fois plus que celui des Américains.

Le Québec n’utilise que 0,5 % de son eau douce disponible comparativement à 18,9 % aux États-Unis (2). Au moment où les ressources hydriques commencent à faire défaut dans plusieurs parties du monde, le Québec nage littéralement dans la ressource. La valeur de cette ressource est trop élevée pour qu’on permette au Québec de continuer à la gaspiller. Il apparaît évident que cette situation ne pourra pas durer très longtemps.

Le Québec doit prendre les devants et se préparer à exploiter de façon rationnelle cette ressource dans une perspective de création de richesse basée sur son partage et donc sur son commerce. Le Québec devrait dès maintenant affirmer sa volonté d’être un chef de file dans le commerce de l’eau et éventuellement dans la gestion non seulement des ressources hydriques elles-mêmes (conservation), mais aussi de l’approvisionnement en eau potable et du traitement des eaux usées. Il est quelque peu paradoxal que le Québec, de loin la plus grande réserve de ressources d’eau potable au monde, soit pratiquement absent de la scène internationale dans ces domaines. Le développement d’une telle expertise nécessite un plan stratégique qui permettrait au Québec d’être un chef de file dans la gestion de l’eau. Un tel plan implique non seulement une collaboration essentielle entre le public et le privé, mais aussi un investissement dans les champs scientifiques (technologique, économique, médical, biologique, informatique, etc.) qui permettront une plus grande efficacité de la gestion de l’eau grâce au façonnement de mécanismes de marché internes et externes efficaces.

Au cours du dernier siècle, l’utilisation annuelle d’eau douce a augmenté à un rythme deux fois plus élevé que celui de la population: l’une des conséquences prévisibles et inévitables, c’est que la valeur de l’eau a grimpé et grimpera encore de manière substantielle. Déjà aux États-Unis, les coûts de l’eau sont nettement à la hausse: on les estime à 16 cent/m3 en Arizona(3), à 40 cent/m3 pour l’eau douce et à 65 cent/m3 pour l’eau dessalée en Californie(4). À ces prix, la valeur de 100 G m3 d’eau douce serait d’environ 16 à 64 milliards $. Même si 10 % seulement de cette valeur nous revenait comme fournisseur d’eau primaire et même si les difficultés technologiques et économiques à surmonter sont importantes, il est de notre devoir, tant comme propriétaire particulièrement bien nanti en ressources d’eau qu’à titre de citoyen planétaire responsable, de s’intéresser sérieusement et immédiatement à la valorisation de notre or bleu.

1. F. Lasserre et alii, Transferts massifs d’eau: outils de développement ou instruments de pouvoir, Presses de l’Université du Québec, 2005.
2. Philippe Quemerais, «Synthèse : La gestion de l’eau dans les pays en développement», PlaneteBleue.info, 10 décembre 2005.
3. Idem.
4. Rain Bird Corporation, «L’irrigation pour un monde en croissance», 2003.

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Les 11 idées pour changer le Québec

40 heures : permettre aux médecins du secteur public de travailler dans le privé
3 parts : partager les économies réalisées lors d’appels d’offres
Une semaine par mois : la contribution des assistés sociaux à leur communauté
40 % : hausser les droits de scolarité universitaires en proportion du coût de formation
800 $ : les retombées d’une hausse d’un cent du prix patrimonial de l’électricité
50-50 : pour un salaire selon le rendement et le mérite dans la fonction publique
67 ans : hausser l’âge normal de la retraite de 65 à 67 ans, d’ici 2017
25 : créer 25 «écoles de performance» avec 1000 super-enseignants
0 % : abolir dès maintenant la taxe sur le capital
100 milliards : autoriser l’exportation de 100 milliards de mètres cubes d’eau
2 points : hausser la TVQ de deux points et réduire l’impôt

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