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Textes d'opinion

À la caisse!

Beaucoup de Québécois consacreront cette dernière fin de semaine d’avril à remplir leur déclaration de revenus… et les coffres de l’État. Il faut dire que nous sommes particulièrement généreux dans la Belle Province.

En 2005, une famille québécoise a payé en moyenne 5 732 $ en impôts et taxes de plus qu’une famille ontarienne. De plus, non seulement près de 50% de notre temps de travail sert à assouvir l’appétit fiscal de nos gouvernements, mais nous détenons également le triste record des contribuables les plus taxés en Amérique du Nord!

De plus, le fardeau fiscal ne se limite pas aux sommes que nous payons. Il faut y ajouter les millions d’heures que les individus et les entreprises doivent sacrifier pour se conformer au régime fiscal. Or, chaque heure passée à remplir des formulaires et à essayer de comprendre des lois fiscales toujours plus hermétiques, est une heure pendant laquelle nous ne produisons rien ni ne créons de la richesse.

Ce constat est d’autant plus regrettable qu’il est impératif que nous travaillions davantage pour rattraper notre écart de richesse avec le reste du Canada. Notre régime fiscal ne devrait-il pas être simplifié afin de libérer du temps que nous pourrions employer de manière plus efficace?

Un mal nécessaire

On nous dit que la fiscalité est un mal nécessaire, qu’on ne peut faire autrement pour redistribuer de la richesse et créer une société équitable. Pourtant, notre taux de chômage est toujours plus élevé que celui de la moyenne canadienne, notre productivité est faible et nous sommes l’une des régions les plus pauvres en Amérique du Nord. On pourrait certainement faire mieux!

Imaginons quelques instants que notre régime fiscal soit si simple qu’il ne faille que 10 à 15 minutes pour remplir notre déclaration d’impôt. Imaginons également qu’il soit si attrayant que des entreprises comme Microsoft, Colgate, 3M, Bristol-Myers Squibb et Johnson & Johnson se bousculent pour s’installer au Québec. Poussons le rêve un peu plus loin et imaginons aussi que nous puissions attirer de nombreux investisseurs étrangers, réduire les taux d’imposition tout en augmentant les revenus de l’État, améliorer la productivité, réduire le chômage et s’enrichir collectivement.

Miracle en Estonie

Ce scénario peut paraître irréaliste. Pourtant, il décrit précisément celui qu’a connu récemment l’Estonie. Cette ancienne République soviétique a accompli un véritable miracle économique et connaît aujourd’hui une croissance de 11% grâce à un régime fiscal très simple et un taux d’imposition unique suffisamment bas pour attirer les investissements et motiver les gens à travailler.

Le cas de l’Estonie n’est pas isolé. Nos voisins du sud ont bénéficié d’une série de réductions d’impôts en 2001 et 2003. Résultats? Les recettes fiscales ont explosé et le déficit est en voie d’être résorbé en dépit du traumatisme causé par les attentats du 11 septembre et par les dépenses liées à la guerre en Irak.

Les gouvernements qui ont vu leurs recettes fiscales augmenter et leur économie prospérer après des baisses d’impôts sont nombreux et constituent des exemples dont nous devrions tirer des enseignements.

Le nouveau gouvernement libéral a promis de réduire les impôts, mais nous devons également faire notre part en cessant de voir dans une fiscalité gourmande le symbole de notre solidarité. Nous devons accepter d’ouvrir le débat sur la fiscalité, remettre en question l’opinion dominante, et avoir le courage de penser autrement. Finalement, il ne faut surtout pas craindre de s’inspirer des expériences d’autres pays qui obtiennent des résultats concluants avec des solutions de marché. Ce n’est pas de l’idéologie que de regarder dans leur direction, c’est du gros bon sens!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l’Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

* This column was also published in Le Journal de Québec.

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