Les pauvres s’enrichissent
C’est aujourd’hui que s’achève le septième Forum social mondial (FSM). Pendant six jours, près de 100 000 personnes étaient rassemblées à Nairobi pour le rendez-vous annuel des opposants à la mondialisation et au «capitalisme sauvage».
Le FSM a lieu cette année en Afrique, car les militants estiment que les difficultés qu’éprouve ce continent sont une conséquence directe de la mondialisation. Pour toute argumentation, ils affirment que l’intensification des échanges permet aux riches de s’enrichir alors que les pauvres s’appauvrissent.
Tous ces gens de bonne volonté sont convaincus d’avoir une pensée avant-gardiste, mais ne réalisent pas qu’ils ne font que réchauffer de vieilles thèses marxistes sur la paupérisation de certains groupes. Malgré tout, je partage quelques-uns de leurs objectifs. Tout comme eux, je souhaite que les pauvres s’enrichissent et que tous les habitants de la planète puissent vivre décemment. Ne serait-il pas formidable de trouver un moyen pour permettre aux pays en développement de rattraper rapidement le niveau de vie des pays industrialisés?
De quoi se réjouir?
À cet égard, l’édition 2007 du Index of Economic Freedom, publié par la Heritage Foundation et le Wall Street Journal, a de quoi nous réjouir. Cette étude, qui examine 10 facteurs (la réglementation, le fardeau fiscal, la politique monétaire, les droits de propriété, la corruption, l’ouverture commerciale, etc.) pour 157 pays, arrive à deux conclusions majeures: (1) toutes les régions du monde jouissent de davantage de liberté économique qu’il y a une décennie; et (2) les revenus des plus pauvres de la planète augmentent.
Mais au delà des simples observations, l’indice dévoile pour la 13e année consécutive une corrélation très nette entre la liberté économique et la prospérité d’un pays. Les preuves sont irréfutables: plus un pays est libre, plus il est ouvert sur le monde, et plus ses habitants jouissent d’un niveau de vie élevé. Ainsi, le revenu par habitant des pays les plus libres est de 28 000 $ en moyenne alors qu’il n’est que de 5 000 $ dans les pays où l’économie est réprimée.
L’histoire économique des 50 dernières années est éloquente. Les pays asiatiques, comme Hong Kong, Singapour, Taiwan et la Malaisie étaient parmi les plus pauvres de la planète il y a une cinquantaine d’années. Ils font aujourd’hui partie des plus riches!
Le cas de la Corée
Le cas de la Corée est incontournable, car la partition effectuée en 1948 a permis à la Corée du Nord et à celle du Sud de choisir leurs systèmes politique et économique. C’est en optant pour davantage de liberté économique que la Corée du Sud bénéficie aujourd’hui d’un niveau de vie 14 fois plus élevé que son voisin du Nord, lequel a imposé des politiques protectionnistes et communistes. Quant à la Chine, l’expansion spectaculaire qu’elle enregistre depuis qu’elle s’est ouverte sur le monde parle d’elle-même.
À la lumière des études et des preuves empiriques, il devient difficile de comprendre le mouvement altermondialiste. S’il dénonce la pauvreté, en revanche il s’oppose au meilleur moyen qui permettrait à ces pays de s’en sortir: la possibilité de faire du commerce. Quant à la misère du continent africain, comment les représentants du FSM peuvent-ils bien l’attribuer à la mondialisation? Ne savent-ils pas que les pays africains sont parmi les plus isolés du reste du monde?
Plutôt que de véhiculer un ramassis de principes communistes qui ont fait banqueroute et qui ont été recyclés au goût du jour, le mouvement altermondialiste aurait tout intérêt à s’informer sur les sources de l’enrichissement des nations. Il réaliserait alors que le seul impact positif de leur rassemblement à Nairobi a été d’accroître… les échanges internationaux!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l’Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.