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Textes d'opinion

Une conférence inutile!

Jeudi dernier se tenait la Conférence Promesse du millénaire de Montréal 2006. Elle visait à rassembler des gens de toutes les sphères de la société pour réfléchir aux moyens à mettre en oeuvre dans la lutte contre la pauvreté, tout particulièrement celle des enfants.

Toutefois, tenir une conférence sur le thème de la pauvreté des enfants ne réglera rien. Les enfants sont pauvres parce que leurs parents sont pauvres, et c’est donc sur eux que devrait porter notre attention.

Les participants à la conférence faisaient preuve de bonne volonté en suggérant des moyens pour éradiquer la misère et les maladies dans le monde: filets anti-moustiques, aide internationale… Toutefois, comment expliquer que tant de gens, apparemment déterminés à réduire la pauvreté, discutent toute une journée sans jamais s’intéresser aux pays qui ont réussi à s’enrichir? Pourtant, n’est-ce pas précisément ce qu’ils souhaitent pour l’Afrique?

Des pays comme Hong Kong, Singapour, Taïwan et la Malaisie ont réussi un formidable exploit : ils font aujourd’hui partie des pays les plus riches de la planète alors qu’ils étaient parmi les plus pauvres il y a une quarantaine d’années. Plus récemment, la Chine et l’Inde se sont engagées sur la voie de la prospérité.

Mais où ces pays ont-ils donc trouvé l’argent nécessaire pour s’enrichir ainsi? De toute évidence, ils ont appliqué une méthode efficace pour créer de la richesse et il y a des leçons à tirer de leurs expériences. Ce qui a fonctionné pour des millions d’Asiatiques ne peut certainement pas nuire aux Africains dans la misère. Mais les miracles économiques et les histoires à succès laissent manifestement indifférentes les âmes bien-pensantes qui exigent de gros cachets pour s’indigner publiquement de la pauvreté des enfants!

Les panélistes ont également réclamé davantage d’aide internationale, comme si elle était la panacée, et ont totalement fait fi du fait qu’elle est inefficace. Quand comprendront-ils qu’elle est offerte par un gouvernement à un autre et qu’elle permet le plus souvent à des dirigeants africains corrompus d’acheter de l’équipement militaire ou de garnir leurs comptes dans les banques suisses?

L’unique remède durable à la pauvreté, c’est la richesse! Et l’intensification des échanges commerciaux est indispensable à la création de richesse Ce dont l’Afrique sub-saharienne a besoin, c’est de faire du commerce avec le reste de la planète. Si les pays industrialisés étaient sincères dans leur lutte contre la pauvreté, ils ouvriraient leurs frontières aux produits africains, constitués essentiellement de denrées agricoles, et ils aboliraient les tarifs douaniers et les subventions titanesques grâce auxquelles ils achètent les votes de groupes de pression.

Les dictateurs

Si les échanges commerciaux sont nécessaires, ils demeurent toutefois insuffisants. La pauvreté de l’Afrique s’explique également par la présence de dictateurs qui oppriment des populations entières, et de régimes socialistes qui étouffent le dynamisme économique. Le grand mal dont souffre l’Afrique, c’est le manque de liberté économique. Le lien entre la prospérité et la liberté est maintenant incontestable. C’est simple: pour qu’un pays s’enrichisse, il faut que son gouvernement mette en place un système judiciaire fiable, qu’il respecte les droits de propriété, réduise ou élimine les barrières commerciales, encourage l’entrepreneurship et le travail, et attire les investissements étrangers.

Les grandes conférences et autres événements du genre sont stériles. La seule chose qui soit en notre pouvoir de faire pour aider les pays africains est de commercer avec eux. Mais l’Afrique doit également se libérer de l’oppression politique, et sur ce plan nous sommes impuissants. Or, tant que des dictateurs limiteront les libertés économiques et individuelles, l’objectif d’un monde sans pauvreté ne demeurera qu’un rêve.

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l’Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

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