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Textes d'opinion

Parlons propagande

Avis à tous les parents! Si votre enfant fréquente le Cégep, on lui a peut-être proposé des lectures douteuses. Non pas de la littérature pour adultes ou haineuse, mais plutôt une brochure syndicalo-socialiste, intitulée Parlons politique!, distribuée à 103 000 exemplaires et préparée par les trois fédérations syndicales d’enseignants du collégial.

Les auteurs de ce document prétendent offrir aux étudiants un outil de réflexion. Or, quand on présente des demi-vérités et que l’on manipule les faits, il ne s’agit plus de pédagogie, mais de propagande et de démagogie!

Notamment, on peut y lire que «le PIB par habitant au Québec progresse plus rapidement au Québec qu’au Canada…», laissant ainsi entendre que le Québec est prospère. Toutefois, pour présenter un portrait fidèle de la situation, il aurait fallu indiquer que, depuis plus de 30 ans, le niveau de vie des Québécois est inférieur à celui de la moyenne canadienne, de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et de l’Alberta. De plus, depuis 1990, les Québécois sont également plus pauvres que les Saskatchewanais. En fait, le Québec est l’une des régions les plus pauvres de l’Amérique de Nord!

Dans un exercice visant à défendre la thèse du «déséquilibre fiscal» entre les riches et les pauvres, on y affirme que «les dispositions de la loi de l’impôt…avantagent de nombreux contribuables aisés». Toutefois, on passe sous silence le fait que les Québécois qui gagnent plus de 100 000 $ annuellement représentent 2,3% des travailleurs, touchent 14% des revenus totaux et paient 25% de l’impôt total. De plus, n’aurait-il pas été intellectuellement honnête de préciser qu’un travailleur qui touche plus de 50 000 $ annuellement verse aux gouvernements 60% de son salaire en impôts et taxes diverses? Comment donc prétendre contribuer à l’éducation quand on omet de préciser que notre loi permet à 40% des contribuables, essentiellement les plus pauvres, de ne payer aucun impôt?

La dette publique

Quant aux pages consacrées à minimiser la gravité de la dette publique, non seulement les auteurs ignorent-ils les principes économiques les plus élémentaires, mais ils présentent également des statistiques qui, dans le meilleur des cas, sont incomplètes. En l’occurrence, ils déclarent que la dette québécoise représente 30,3% du PIB. Or, la véritable dette que nous devons supporter correspond plutôt à 90% du PIB, car il est obligatoire d’additionner à la dette du gouvernement du Québec, celle des municipalités et la portion québécoise de la dette fédérale. Les auteurs du pamphlet ajoutent que le Québec jouit de l’un des plus bas ratios dette/PIB des pays de l’OCDE, ce qui est totalement faux. Ce ratio est le cinquième plus élevé parmi les pays industrialisés. Seuls les Japonais, les Grecs, les Italiens et les Belges sont plus endettés que nous.

Finalement, les passages relatifs aux droits de scolarité véhiculent des mythes maintes fois dénoncés. Ils défendent la gratuité, mais omettent de mentionner toutes les études qui montrent que cette gratuité constitue en réalité une subvention que les contribuables moyens versent aux jeunes de familles aisées.

Cette brochure n’est qu’un ramassis de principes confus, de demi-vérités et de mythes destinés à la promotion d’idées de gauche qui ont fait banqueroute. Mais la propagande à laquelle se livrent les syndicats n’est guère surprenante. À une époque où les ratés flagrants du modèle québécois nous forcent à remettre en question ses piliers, c’est la survie de l’establishment syndicalo-socialiste qui est menacée.

Cet establishment ne tenterait-il pas d’assurer sa pérennité en faisant circuler une propagande destinée à laver le cerveau des étudiants avant qu’ils ne prennent conscience des réalités économiques qui les entourent? La question mérite d’être posée!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l’Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

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