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Textes d'opinion

La Saint-Valentin: économie 101

Des lecteurs m’ont demandé de leur suggérer des lectures qui les aideraient à comprendre les rudiments de l’économie. Bien que cette science apparaisse obscure à beaucoup de gens, et qu’il arrive que les propos des économistes mystifient les non-initiés, elle est pourtant facile à comprendre. Il suffit de garder à l’esprit que l’économie, c’est comme les relations amoureuses.

Imaginons qu’un homme rencontre la femme de ses rêves (ou l’inverse). Débute alors tout le processus de séduction. Il se coiffe, se parfume, et se pare de ses plus beaux atours pour lui plaire, car iI sait que leur relation ne pourra évoluer que si elle partage ses sentiments. Ainsi, ils ne deviendront un couple que dans la mesure où chacun y trouvera son compte. Le jour où la nature de la relation rendra malheureux l’un des deux partenaires, ce sera la rupture. La dynamique entre un vendeur (l’offre) et un acheteur (la demande) est la même: une transaction ne peut avoir lieu que si elle avantage les deux parties. Si l’une d’elles impose à l’autre des conditions qui ne la satisfont pas, l’échange n’aura pas lieu.

L’État entremetteur

Les choses se compliquent lorsque l’État cherche à s’imposer comme entremetteur. Par exemple, l’État souhaite accroître les revenus des agriculteurs en forçant les acheteurs à payer plus cher leurs produits. Si l’on peut imposer à l’acheteur des hausses de prix, en revanche il est impossible de l’obliger à consommer. De manière analogue, on peut limiter le loyer qu’un propriétaire peut exiger de son locataire, mais on ne peut pas le forcer à louer contre son gré. Ainsi, si le prix ne permet pas des échanges mutuellement avantageux, la transaction ne se fera pas, et aucune intervention étatique ne pourra rien y changer.

On sait qu’il est inutile d’essayer d’empêcher un homme et une femme de se voir lorsqu’ils s’aiment. Comme Roméo et Juliette, ils seront prêts à tous les subterfuges pour pouvoir vivre leur passion. Parallèlement, ce n’est pas parce qu’une loi interdit un échange qu’il n’aura pas lieu. L’État chaperon, ça ne fonctionne pas plus. Si l’échange est avantageux pour les parties concernées, elles trouveront toujours le moyen de le réaliser, quitte à transiger sur le marché noir. Comment oublier le très prospère marché noir des cigarettes introduites en contrebande des États-unis au début des années 90?

Mécontentement

Si la femme envisage de rompre, c’est parce que l’homme est incapable de la rendre heureuse. Il ne pourra sauver son union que s’il réussit à identifier la cause du mécontentement de sa bien-aimée, et qu’il modifie son comportement en conséquence. De façon similaire, si un vendeur est incapable de satisfaire ses clients, ils iront voir ailleurs. C’est un peu ce qui explique les difficultés de GM. Ses modèles étaient autrefois appréciés, mais les attentes des automobilistes ont changé, et les échanges ont perdu graduellement de leur attrait. Comme GM n’a pas réussi à s’adapter, de nouvelles compagnies ont séduit sa clientèle.

Finalement, on se doute bien qu’il serait vain d’offrir une généreuse somme d’argent à un couple qui ne s’aime plus dans l’espoir de le sauver. Il est tout aussi dérisoire que l’État verse des subventions à une entreprise non rentable pour qu’elle continue à opérer. Il suffit de penser aux 300M$ engloutis dans la Gaspésia. Un vrai gaspillage!

La Saint-Valentin met à l’honneur le couple et le bonheur que procure une relation amoureuse. On peut facilement appliquer le même principe à l’ensemble des relations entre individus, y compris sur le plan économique: tout repose sur des échanges mutuellement avantageux!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably est économiste à l’Institut économique de Montréal.

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