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Textes d'opinion

Le contrôle des loyers

Les associations de «défense» des locataires ont bondi la semaine dernière lorsque la Régie du logement a suggéré une hausse des loyers de 0,9% pour cette année.

Faisant fi du fait que cette augmentation est inférieure à l’inflation, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et le Regroupement des comités de logements et d’associations de locataires du Québec (RCLALQ) en ont même profité pour demander à la ministre des Affaires municipales et des Régions, Nathalie Normandeau, de renforcer le contrôle des loyers.

Mais si ce contrôle est une idée aussi géniale, pourquoi l’appliquer avec autant de parcimonie? Pourquoi ne pas manifester davantage de générosité et fixer le loyer d’un quatre et demi à 50$ par mois? Les ménages à revenus faibles seraient pourtant bien contents!

Il est tout à fait noble de vouloir aider les démunis, mais encore faut-il s’y prendre correctement. Instaurer un contrôle des loyers dans le but de les protéger est aussi dangereux que de jeter de l’huile sur le feu!

Fixer les loyers à 50$ par mois est évidemment une idée saugrenue, car aucun propriétaire ne serait motivé à louer ou à entretenir ses appartements, et les locataires auraient à composer avec une grave pénurie de logements. Tout contrôle des loyers, même s’il est peu prononcé, occasionne le même résultat. Il est naïf de croire qu’il puisse en être autrement puisque le contrôle limite les revenus des propriétaires alors que leurs dépenses ne cessent d’augmenter. Qui donc offrirait un service dans de telles conditions? Créer une pénurie n’est peut-être pas l’objectif recherché par les associations de défense des locataires, mais c’est pourtant le résultat atteint.

Effets désastreux

Le contrôle des loyers a eu des effets désastreux dans plusieurs villes dont Paris, Londres, New York et Milan. Par contre, je mets quiconque au défi de citer en exemple des villes où le nombre et la qualité des logements augmentent grâce au à cette méthode. Inutile de chercher, il n’en existe pas. Même l’économiste socialiste Assar Lindbeck écrivait que «le contrôle des loyers est le moyen le plus efficace que nous connaissions pour détruire une ville, exception faite d’un bombardement.»

Néanmoins, beaucoup de gens préfèrent ignorer ces faits et continuent de faire l’apologie aveugle d’une intervention dont l’inefficacité n’est plus à démontrer. Quand ces gens cesseront-ils de prôner un contrôle accrû comme solution à la pénurie? Quand comprendront-ils que c’est précisément le contrôle qui en est la cause?

Que cela plaise ou non aux groupes de pression, le logement locatif doit redevenir un investissement rentable. En janvier 1997, les villes de Boston, Cambridge et Brookline ont été les premières grandes villes américaines à tenter l’expérience d’éliminer le contrôle des loyers, et la construction d’immeubles à revenus a augmenté pour la première fois en 25 ans. De plus une étude menée par la Ville de Cambridge indique que le loyer moyen pour un appartement de deux chambres à coucher a affiché une baisse de 9,2% entre août 2002 et avril 2003. Davantage de logements à un moindre coût, n’est-ce pas précisément l’effet recherché?

Quant aux familles à revenus faibles, il serait plus efficace de les aider en leur fournissant une assistance financière directe, par exemple sous la forme d’une allocation au logement déterminée en fonction du revenu du ménage.

Les solutions efficaces existent, mais il est difficile des les voir quand on porte des œillères. Le FRAPRU et le RCLALQ devraient donc faire leurs devoirs avant de réclamer à la ministre Normandeau une intervention qui nuirait encore plus aux plus démunis!

Nathalie Elgrably est économiste à l’Institut économique de Montréal.

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