Les politiciens de carrière
La campagne électorale bat son plein et il faudra bientôt choisir celui que nous croyons le plus apte à mener la destinée du Canada. Mais qu’attendons-nous des politiciens?
Nous souhaitons essentiellement qu’ils prennent les meilleures décisions possibles pour l’ensemble de la société. Or, on constate qu’ils gaspillent souvent les fonds publics dans des programmes inutiles. Nous leur accordons notre confiance, mais ils nous déçoivent en revenant sur leurs promesses. Nous les croyons honnêtes, mais ils se rendent coupables de corruption. Nous les voulons attentifs aux demandes de l’ensemble de la population, mais ils n’écoutent que les groupes de pression.
Qu’avons-nous fait pour mériter de tels politiciens? Pourquoi ne cherchent-ils pas à faire ce qu’il y a de mieux pour l’ensemble de la population?
Leur comportement n’a rien d’étonnant. Au contraire, c’est le comportement prévisible des politiciens de carrière. Dans l’idéal, le candidat qui se présente devrait être soucieux de servir son pays. Mais quand la politique devient son gagne-pain, son intérêt personnel l’emporte sur l’intérêt national.
Il ne faut donc pas aller aux urnes ce 23 janvier en pensant naïvement que notre candidat favori sera différent des autres ou de son prédécesseur. L’unique préoccupation de nos politiciens est de remporter les élections, et tout est permis pour gagner des votes: certains dilapident l’argent des contribuables pour financer n’importe quoi et n’importe qui, d’autres nous font miroiter des lendemains meilleurs. Ils veulent être élus bien plus qu’ils ne veulent servir la population!
Le changement est le thème de leur campagne. Mais le seul véritable changement qui s’impose est celui de notre système parlementaire. Les Canadiens méritent mieux que des politiciens de carrière, ils méritent d’être gouvernés par les gens les plus brillants de la société, par des gens qui ont l’expérience de la vraie vie et une carrière bien à eux. S’ils n’étaient plus obsédés par la course aux votes, peut-être les politiciens cesseraient-ils de séduire les groupes de pression, et se soucieraient-ils davantage du bien-être de la majorité silencieuse. Cela serait possible si on leur octroyait un seul et unique mandat.
L’expérience
J’entends plusieurs répliquer que nous perdrions alors l’expérience que certains possèdent du monde de la politique. C’est vrai, et c’est tant mieux! Les politiciens de carrière sont des professionnels de la rhétorique et des spécialistes en manipulation de l’image. Est-ce le genre d’expérience qui fait un bon leader? Ne serions-nous pas mieux servis par des gens, en fin de carrière de préférence, qui possèdent une expérience pratique du fonctionnement de l’économie, et qui ignorent les groupes de pression?
Il faudrait également hausser la rémunération des politiciens. Non pas que ceux actuellement en poste le méritent, mais plutôt pour attirer les gens les plus talentueux et les plus brillants de la société. Sinon, comment recruter les meilleurs candidats si l’exercice de leur profession leur permet de gagner plusieurs fois le salaire d’un ministre?
Il ne faut pas se leurrer, les politiciens bon marché adoptent des politiques néfastes à la société et finissent pas coûter très cher aux contribuables. Imaginez tous les candidats exceptionnels que nous aurions pu recruter avec les 332 millions évaporés dans le scandale des commandites, ou les 300 millions engouffrés dans le fiasco de la relance de l’usine Gaspésia.
Nous avons besoin d’un système qui empêcherait les politiciens de prendre racine et de se complaire au pouvoir. Nous aurions alors des politiciens dévoués à servir leur nation. Pour le moment, la plupart ne font que se servir de la nation pour gagner leur vie.
Nathalie Elgrably est économiste à l’Institut économique de Montréal.