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Textes d'opinion

Le haut taux de syndicalisation du Québec nuit à l’emploi et à l’investissement

Le Québec est la région qui affiche le plus haut taux de syndicalisation (40%) en Amérique du Nord. Cette forte présence des syndicats s’accompagne de niveaux d’emploi plus faibles, de chômage, de réduction de l’investissement et de nivellation des emplois. Extraits de la note économique Les effets de la forte présence syndicale au Québec, publié le 26 août, par Norma Kozhaya, économiste à l’Institut économique de Montréal (IEDM) et chargée de cours à l’Université de Montréal.

Syndicalisation et chômage

La minorité syndiquée obtient des salaires et des avantages sociaux plus élevés que la majorité des travailleurs qui n’appartiennent pas à un syndicat, mais cette prime est obtenue au détriment de ceux qui sont poussés au chômage. La main-d’œuvre coûtant plus cher, les entreprises syndiquées en utilisent moins et la remplacent par des équipements. Les syndicats redistribuent donc le revenu en faveur de leurs membres au détriment des chômeurs ou des travailleurs non syndiqués.

Réduction de l’investissement

La forte syndicalisation du Québec a aussi pour effet de réduire l’incitation à investir dans le capital physique et la recherche et développement (R-D). La Note économique de l’IEDM cite une étude parue dans l’Industrial and Labour Relations Review qui montre qu’une industrie à taux de syndicalisation moyen a un taux d’investissement brut en capital inférieur de 18% à 25% à une industrie non syndiquée.

En ce qui concerne l’investissement en R-D, une autre étude estime que la baisse se situe entre 28% et 40% lorsqu’on passe d’une industrie marginalement syndiquée à une industrie fortement syndiquée.

Salaires

Les études empiriques confirment généralement que les travailleurs syndiqués obtiennent des salaires plus élevés que les non syndiqués. Pour le Canada, elles estiment cet écart à 15% en moyenne, avec des variations selon les entreprises, les industries, les occupations et les caractéristiques des travailleurs.

Pour les Etats-Unis, l’écart est estimé à 17% en moyenne. Cet écart est plus élevé pour les travailleurs les moins qualifiés, ce qui indique que les syndicats réduisent la dispersion des salaires entre les travailleurs.

L’écart entre les travailleurs les plus qualifiés et les moins qualifiés est plus faible dans les milieux syndiqués que dans les non syndiqués. On peut percevoir cet effet comme une réduction bénéfique des inégalités sociales; cependant, du point de vue de l’efficacité économique, cela diminue les incitations des travailleurs à investir dans leur capital humain, par l’éducation et la formation, dans le but d’améliorer leur salaire.

À part les salaires plus élevés, les syndiqués obtiennent également plus d’avantages sociaux. Aux Etats-Unis, ces avantages sont évalués à 12,41$ par heure travaillée pour les travailleurs syndiqués contre 6,38$ pour les employés non syndiqués. Au Canada, 89% des travailleurs syndiqués ont des avantages sociaux sous une forme ou une autre alors que 64% seulement des travailleurs non syndiqués jouissent de tels avantages.

Les salaires et autres avantages plus élevés obtenus par les syndicats s’accompagnent toutefois d’effets défavorables sur l’emploi. La main-d’oeuvre coûtant plus cher, les entreprises en utiliseront moins et y substitueront dans la mesure du possible du capital (machine, équipement). La prime obtenue par les syndicats pour leurs membres implique donc une réduction de l’emploi.

Les études empiriques confirment cette conclusion de la théorie économique. Elles montrent que la croissance de l’emploi est plus faible dans les secteurs syndiqués que dans les secteurs non syndiqués. Les syndicats en Australie, par exemple, ralentiraient la croissance de l’emploi de 2,5 points de pourcentage par année.

Le résultat de privilèges légaux

Parmi les facteurs qui contribuent au taux élevé de syndicalisation du Québec, l’auteure retient les privilèges légaux dont jouissent les syndicats québécois.

Le Québec est notamment l’une des cinq provinces canadiennes où un syndicat peut être accrédité sans la tenue d’un vote secret. Si le syndicat recueille la signature de plus de 50% des employés, il sera généralement reconnu sur le simple dépôt des cartes d’adhésion syndicale. De plus, un employeur québécois n’a pas le droit d’intervenir pour contester la représentativité du syndicat, ce qui n’est pas le cas dans la majorité des autres provinces ni aux Etats-Unis.

L’ensemble des privilèges légaux contribue à faire du Québec la région la plus syndiquée en Amérique du Nord. Alors que le taux de syndicalisation y est de 40%, la moyenne canadienne est de 31,8% et celle des États américains de 13,8%.

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