fbpx

Textes d'opinion

Baisse d’impôts: la charrue avant les boeufs?

Une autre promesse brisée. On commence à s’y habituer. Mais le pire, c’est qu’en refusant encore une fois de baisser les impôts dans son prochain budget, comme il l’annonçait la semaine dernière, le ministre des Finances Michel Audet ne fait qu’empirer sa situation.

Le ministre affirme que les recettes fiscales sont déjà insuffisantes pour couvrir les dépenses. Il a même insisté sur le trou financier de 846 millions qu’il doit combler d’ici le 31 mars, et sur la nécessité de trouver 773 millions pour boucler son budget de 2006-2007. Et compte tenu de la gourmandise des syndicats, de l’embonpoint de l’appareil gouvernemental et du manque de courage de nos politiciens, un allégement du fardeau fiscal semble en effet utopique.

Mais si M. Audet mettait la charrue avant les bœufs en excluant une baisse d’impôts faute de recettes fiscales? Et s’il devait d’abord réduire les impôts pour ensuite enregistrer une hausse de ses recettes fiscales?

Absurde, me direz-vous?

Dans les années 20, les présidents américains Warren Harding et Calvin Coolidge avaient entrepris d’importantes réductions d’impôts. Résultat? Entre 1922 et 1929, les recettes fiscales avaient plus que doublé, le taux de chômage avait diminué de moitié et la croissance économique avait atteint le niveau de 4,7% par an.

En 1963, ce fut au tour de John F. Kennedy d’annoncer des baisses d’impôts parmi les plus importantes de l’histoire américaine. La croissance économique annuelle moyenne atteignit alors 6% et les recettes gouvernementales augmentèrent de 50% en cinq ans!

Vint ensuite Ronald Reagan en 1981 avec ses réductions d’impôts. Il gagna également son pari et vit ses recettes fiscales bondir de 400 milliards à 600 milliards en moins de huit ans.

Quant à la réforme fiscale entreprise par George W. Bush en 2003, elle a permis une hausse des recettes de l’État de 311 milliards en deux ans.

Plus près de nous, le gouvernement ontarien de Mike Harris a introduit en 1996 des allègements fiscaux qui lui ont permis d’augmenter les recettes de l’État de 14,4% en cinq ans. De quoi faire pâlir d’envie M. Audet!

Comment expliquer ce phénomène?

Une taxe sur le travail

L’impôt sur le revenu est en réalité une taxe sur le travail. Il nous oblige à partager avec l’État le fruit de notre labeur. Plus l’État s’approprie une partie importante de notre revenu, moins nous sommes motivés à travailler et plus l’évasion fiscale est attrayante. Pour garnir ses coffres, l’État devrait donc favoriser l’incitation au travail, un objectif difficile à atteindre lorsque les taux d’imposition sont trop élevés.

Le contribuable québécois est le plus taxé en Amérique du Nord. De plus, il est considéré comme «riche» et atteint le taux marginal maximum dès que son revenu imposable franchit le cap de 55 280$. À titre comparatif, le travailleur américain doit gagner un revenu de 300 000$US environ avant d’atteindre ce taux marginal maximum. En raison de cette importante ponction fiscale, il est devenu courant que des travailleurs refusent des promotions ou des heures supplémentaires, voire même qu’ils demandent à être payés «sous la table».

Le contribuable québécois est étouffé par le fisc et mérite de voir son fardeau fiscal allégé. Il ne reste plus qu’à espérer que M. Audet remettra les boeufs avant la charrue et trouvera le courage de tenter l’expérience d’une réduction d’impôts.

Nathalie Elgrably est économiste à l’Institut économique de Montréal.

Back to top