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Textes d'opinion

Wal-Mart: une réalité fort complexe!

Depuis l’annonce de la fermeture de la succursale de Jonquière, Wal-Mart a été la cible de nombreuses attaques. Plusieurs ont, entre autres, véhiculé l’idée selon laquelle le géant américain pousserait à la faillite bon nombre de commerçants régionaux. Vous vous demandez certainement quel est finalement son impact économique sur le commerce de détail en région. Le moment est bien choisi pour faire le point sur la question.

L’idée voulant que l’arrivée de Wal-Mart soit nuisible pour le commerce de détail et l’économie régionale ne résiste ni à l’analyse ni aux faits. Cet argument s’appuie, entre autres, sur une vision statique du commerce, qui suppose que le niveau des ventes dans le secteur de détail est constant et que Wal-Mart, en accaparant une bonne part du «gâteau», ne laisserait plus que des miettes aux concurrents locaux.

Cependant, la réalité est beaucoup plus complexe. Si, à court terme, l’arrivée de Wal-Mart peut contraindre certains concurrents à fermer boutique, à plus long terme, il pousse ses concurrents à l’excellence et facilite, en attirant les consommateurs, l’ouverture de nouveaux commerces mieux adaptés et servant des niches de marché plus spécialisées.

Étude

Un chercheur de l’Université Ryerson à Toronto, Jim Simmons, s’est notamment intéressé à la question de savoir ce qu’il advient aux autres commerces, lorsqu’un Wal-Mart ouvre ses portes. Les conclusions de cette étude, publiée en décembre 2001, montrent que l’arrivée de Wal-Mart a eu, à moyen terme, un effet d’entraînement bénéfique sur l’ensemble du secteur du commerce de détail là où l’entreprise s’est implantée.

Selon Simmons, les localités qui ont accueilli un Wal-Mart ont connu une croissance de leurs ventes beaucoup plus marquée que les autres.

Les régions rurales, comparativement aux régions urbaines, ont encore plus bénéficié de la venue d’un nouveau Wal-Mart en termes d’augmentation des ventes et du nombre de magasins.

Globalement, depuis l’arrivée de Wal-Mart au Canada en 1994, le commerce au détail a connu une forte croissance au chapitre des ventes. Le Conseil québécois du commerce de détail annonçait d’ailleurs, il y a quelques jours, que les ventes des détaillants du Québec ont crû de 4,1% en 2004, soit la neuvième année consécutive d’augmentation.

Croissance

La plupart des ventes d’un nouveau Wal-Mart proviennent donc de cette croissance globale des ventes et ne s’est pas faite finalement en poussant systématiquement à la faillite les autres commerces locaux. Et même si les détaillants situés entre 10 et 20 kilomètres d’un nouveau magasin Wal-Mart ont connu une croissance des ventes moins forte que prévue, ceux dans le voisinage immédiat ont, quant à eux, largement profité de la hausse d’achalandage causée par l’arrivée du géant américain dans leur région.

En définitive, même si l’arrivée d’un Wal-Mart peut, à court terme, pousser certains détaillants à fermer, la situation est positive si on regarde l’ensemble du commerce de détail local à plus long terme. La poursuite de l’excellence par Wal-Mart incite les autres entreprises à se surpasser, à chercher de nouveaux créneaux et à trouver de meilleures façons de servir la clientèle.

Valentin Petkantchin est directeur de la recherche à l’IEDM.

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