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Textes d'opinion

Pourquoi les autres pays n’ont-ils pas notre niveau de vie?

Pourquoi les Américains et les Canadiens jouissent-ils d’un niveau de vie tellement supérieur à celui de la majorité des autres peuples et qu’est-ce qui empêche ces derniers de se hisser au même niveau?

Voilà le genre de questions que posent les économistes depuis longtemps. Les économistes modernes reconnaissent le rôle capital d’un facteur qui, plus que tout autre, permet d’expliquer la prospérité ou la pauvreté d’un pays. Ce facteur, c’est la liberté économique.

Liberté économique et progrès

C’est seulement quand sa population est libre de chercher les meilleures méthodes de production qu’un pays peut prospérer. La liberté économique se définit par un fardeau fiscal modeste, la protection du droit de propriété, une monnaie stable et une réglementation sensée.

Cette liberté attire les investisseurs et les entrepreneurs de talent vers les économies ouvertes, aux dépens des économies fermées. On trouve un classement de 123 pays selon l’indice de liberté économique dans l’édition 2001 du rapport Economic Freedom of the World, publié par un réseau international de plus de 50 instituts de recherche. Cet indice est calculé à partir de plusieurs variables: État limité, stabilité des prix, liberté de commerce, équité de l’appareil juridique etc. Ainsi, l’indice de liberté économique représente la capacité des citoyens de faire leurs propres choix, de s’adonner au commerce et de garder une portion raisonnable des fruits de leur travail.

L’édition 2001 du rapport dresse aussi un classement particulier, basé sur un indice encore plus révélateur, qui mesure le poids de la réglementation et qui fait mieux ressortir les forces et faiblesses d’un groupe plus sélect de 58 pays.

Hong Kong et Singapour se classent aux deux premiers rangs, tant au classement général qu’au classement particulier. Ces deux cités-États sont suivies, dans l’ordre, par les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, l’Irlande, le Canada et la Suisse. Le Chili (qui partage le seizième rang avec l’Allemagne) devance le cortège des pays latino-américains. Parmi les autres grands pays figurant au palmarès, on remarque la France (36e rang), l’Inde (46e), la Chine (52e) et le Brésil (55e).

Les pays d’Europe de l’Ouest se classent généralement à des rangs supérieurs, sauf en ce qui concerne l’État limité et la réglementation. Deux seulement – l’Irlande et l’Islande – se classent parmi les 20 premiers pour l’État limité. La plupart des autres obtiennent une piètre note à cet égard; c’est le cas de la Belgique, de la France, de l’Autriche, de la Suède, de la Norvège, du Danemark, de l’Italie et de l’Espagne.

Un système juridique solide

Liberté économique et progrès reposent aussi sur un système juridique capable de protéger les droits de propriété et de faire respecter tous les contrats avec la même fermeté. C’est là le fondement de la libre concurrence. Or, on note que les pays les plus déficients sur le plan juridique ou les plus sur-réglementés se trouvent presque tous en Amérique latine et dans l’ancien camp socialiste.

Les dix systèmes juridiques les plus déficients sont ceux du Pérou, de l’Indonésie, de l’Équateur, du Venezuela, de l’Ukraine, de la Russie, de la Bolivie, du Mexique, de la Colombie et du Salvador. Les six pays les plus sur-réglementés sont la Russie, le Venezuela, l’Ukraine, le Mexique, le Salvador, la Bulgarie, la Bolivie, l’Indonésie, l’Argentine et la Colombie.

L’ouverture du Mexique

Il faut insister sur ce point: ce sont les faiblesses du système juridique et les réglementations étouffantes qui entravent le progrès économique dans la plupart des pays d’Amérique latine et anciens pays socialistes.

Le cas du Mexique est particulièrement intéressant. Ce pays, qui possédait l’une des économies les plus fermées au monde, est aujourd’hui l’un des plus ouverts. Il se classe même au 16e rang quant à l’ouverture des marchés, c’est-à-dire juste après le Royaume-Uni, devançant aussi bien la France que les États-Unis.

Le commerce international représente aujourd’hui 64% de l’économie mexicaine, par rapport à 23% en 1985. Toutefois, le Mexique a bien du chemin à faire avant qu’on puisse qualifier son économie de libérale. Il se classe en effet au 52e rang selon le système juridique, au 49e quant au système financier et au 53e pour sa réglementation.

On ne peut récolter les fruits de la prospérité que dans un climat institutionnel et politique propice. Les pays dont les politiques entravent la liberté économique étouffent l’innovation et font fuir les investisseurs vers des cieux plus cléments. Leurs économies stagnent et leurs citoyens croupissent dans la pauvreté.

 

Michel Kelly-Gagnon est président de l’IEDM, James Gwartney est professeur de sciences économiques et politiques à l’Université d’État de la Floride, Robert Lawson est professeur d’économie à la Capital University de Columbus, Ohio.

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