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Textes d'opinion

FORUM: Nécessaires, les bons d’études? – Oui: Tous les parents se verraient offrir le choix de l’école de leurs enfants

Jusqu’à très récemment, les chercheurs québécois s’étaient contentés de décrire sommairement et de critiquer les bons d’études utilisés dans d’autres pays. On a souvent laissé entendre qu’il s’agissait d’un modèle défendu par la droite américaine. Toutefois, ce sont les bons universels mis en place en Suède, au Danemark ou en Nouvelle-Zélande qui offrent des exemples plus proches du contexte québécois.

Un bon d’études est un montant d’argent que l’État remet à tous les parents qui ont un enfant en âge de fréquenter l’école et qui leur permet de l’inscrire à l’école publique ou privée de leur choix. Avec les bons d’études, le financement des écoles dépend presque entièrement du nombre de bons accumulés. En liant leur financement au nombre d’élèves qu’elles accueillent, les bons d’études incitent fortement les écoles à répondre aux demandes des parents. Les parents qui choisissent l’école de leur enfant sont quant à eux généralement plus satisfaits et s’impliquent davantage dans l’éducation de leur enfant, favorisant du même coup leur réussite scolaire.

Démocratiser le choix

Les bons d’études ont pour effet de démocratiser le choix de l’école. Actuellement, seuls les parents qui ont les moyens d’acquitter les frais d’inscription exigés au secteur privé et dans les écoles qui offrent des programmes d’études particuliers peuvent réellement choisir l’école de leur enfant. Autrement dit, le choix de l’école est offert seulement aux parents qui sont prêts à en payer le prix. Avec les bons d’études, tous les parents se verraient offrir le choix de l’école, indépendamment de leur niveau de revenu.

Le Québec a déjà la proportion la plus forte d’élèves dans le secteur privé au Canada. Et en subventionnant l’éducation d’un enfant à 45% lorsque ses parents choisissent le privé, nous avons en place les principaux éléments d’un système de bons d’études. Il suffit d’améliorer ce modèle québécois pour offrir le choix de l’école à tous, et pas seulement à ceux qui ont les moyens de débourser en moyenne 1900 $ par année.

En plus de démocratiser le choix de l’école, les bons d’études empêchent la «ghettoïsation» des enfants de milieux défavorisés. Actuellement, le regroupement des clientèles étudiantes se fait surtout en fonction de critères socio-économiques, puisque le choix des parents se limite souvent à l’école de leur quartier. La plupart des enfants qui vivent à Outremont vont ainsi dans des écoles d’Outremont, et la plupart de ceux qui vivent à Hochelaga-Maisonneuve vont dans des écoles de ce quartier. Avec les bons d’études, le regroupement des clientèles se ferait plutôt en fonction des préférences des parents en regard des différents styles d’éducation et méthodes pédagogiques proposés par les écoles.

Accroissement de la productivité

Selon notre évaluation, la mise en place d’un système de bons nécessiterait, à court terme, un ajustement des dépenses en éducation d’un peu plus de 315 millions de dollars. C’est bien peu comparé aux 500 millions de dollars additionnels que le ministère de l’Éducation a dépensé cette année uniquement pour améliorer les services offerts par les écoles secondaires. En contrepartie, les bons d’études généreraient, à moyen terme, une diminution appréciable des dépenses en éducation et accroîtraient la productivité des écoles.

Présentement, le choix de l’école et la concurrence qui en résulte incitent les écoles privées du Québec à être en moyenne 8,95% plus efficientes que les écoles publiques au chapitre des coûts uniquement. En excluant les dépenses de transport pour ne retenir que les dépenses comparables, il en coûte en moyenne 6401 $ pour éduquer les enfants de niveau préscolaire, primaire et secondaire dans une école publique, alors que les écoles privées ont besoin en moyenne de seulement 5828 $ par élève.

Avec les bons d’études, les écoles publiques seraient elles aussi fortement incitées à réduire leurs coûts et à augmenter la qualité des services qu’elles offrent. Nous estimons que les bons d’études permettraient aux contribuables québécois d’économiser plus de 660 millions de dollars annuellement et généreraient ainsi une économie nette de quelques 345 millions de dollars par année. Il en résulterait donc une hausse significative de la productivité de l’ensemble des écoles de la province et des économies considérables pour les contribuables québécois.

Sylvain Bernier est chercheur associé à l’IEDM et auteur du Cahier de recherche intitulé Le choix de l’école pour tous – Un projet de bons d’étude adapté au Québec.

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