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Textes d'opinion

Comment vraiment créer la richesse (1)

Depuis que l’Amérique du Nord est entrée dans une période de ralentissement économique au début de l’année 2001, et encore plus depuis les événements tragiques du 11 septembre, on ne cesse de nous dire qu’il faut consommer pour soutenir l’économie.

Faites votre devoir patriotique et achetez des voitures, voyagez, sortez au restaurant et au théâtre, continuez à dépenser comme si l’incertitude n’avait pas augmenté, nous dit-on.

Le citoyen moyen qui préfère rester prudent devant de telles exhortations a raison d’être sceptique. On tente en effet de nous faire croire que c’est en adoptant le comportement de la cigale de la fable, elle qui a chanté et «consommé» son temps libre et le peu de ressources qui lui restaient pendant tout l’été, que l’on contribuera à la relance de l’économie.

Il y a presque deux siècles déjà, l’économiste français Jean-Baptiste Say avait démoli l’argument fallacieux – repris aujourd’hui dans ce discours néo-keynésien – selon lequel c’est une forte demande qui crée la richesse en stimulant la production. Au contraire, a expliqué Say, c’est l’offre qui crée sa propre demande, notamment par l’ajustement à la baisse des prix lorsque la production augmente.

Et donc, la question cruciale qu’il faut se poser est plutôt: comment faire en sorte que cette offre, c’est-à-dire la production de biens et services, devienne plus abondante?

On comprend spontanément pourquoi la fourmi ne s’est pas retrouvée, à la fin de l’été, dans la situation de sa voisine: c’est parce qu’elle a travaillé. Plus on travaille, plus on produit. Mais la quantité brute d’heures travaillées est loin d’être le seul facteur. Au contraire, depuis le début de la civilisation, c’est la productivité toujours croissante de l’économie qui permet d’augmenter la richesse.

La capacité de production repose sur trois facteurs: le capital physique, le capital humain et la technologie. Plus on investit dans la capacité de production, plus on réussit à produire en grande quantité et à moindre coût.

La mécanisation de la fabrication des textiles en Angleterre au XVIIIe siècle a enclenché la révolution industrielle pour la bonne raison qu’on pouvait produire rapidement, à grande échelle et à coût relativement bas.

Le progrès technologique est une facette essentielle du problème, mais il n’est pas suffisant. On imagine parfois qu’il suffirait d’une découverte géniale pour créer une abondance générale. Toutefois, pour qu’une technologie nouvelle puisse engendrer des fruits économiques, il faut investir dans le capital physique (les mécanismes, les machines, les usines), ainsi que dans le capital humain (le savoir-faire, l’apprentissage).

Pour arriver à faire tout cela, il faut justement consommer moins et mettre de côté une partie de son revenu, afin d’accroître son capital. Sans capital, il n’y a pas de croissance économique, pas d’augmentation de la richesse.

Les gouvernements peuvent favoriser la croissance et la prospérité à condition qu’ils ne nuisent pas au travail, à l’épargne et à l’investissement, à condition qu’ils n’entravent pas non plus la créativité et l’esprit d’entreprise de ceux qui mettent en oeuvre ces projets. C’est sur cet aspect du rôle de l’État que je me pencherai dans ma prochaine chronique.

 

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