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Textes d'opinion

Les impôts et l’économie

Plusieurs soutiennent qu’il faut réduire les impôts pour que les contribuables aient plus d’argent à dépenser et puissent ainsi «faire rouler l’économie». Présenté d’une façon trop simpliste, cet argument pose cependant problème sur le plan de la logique économique.

En effet, si l’État prend un dollar à Pierre, entrepreneur, et le donne à Paul, prestataire de l’aide sociale, le premier aura un dollar de moins à dépenser, mais le deuxième dépensera un dollar de plus; du strict point de vue de la dépense, il n’y aura pas d’impact économique.

La même conclusion demeure si Jean, le bénéficiaire, est fonctionnaire. Ainsi, si l’État accroît les impôts pour payer les employés du secteur public (dont la rémunération représente environ 50% de l’administration publique québécoise), l’économie tournera tout aussi bien. Les bureaucrates dépenseront ce que les contribuables ne dépensent plus.

Si dépenser de l’argent fait tourner l’économie, il n’y a pas de raison pour que l’économie roule moins quand ceux qui dépensent sont des bureaucrates, des fournisseurs de l’État ou des bénéficiaires de transferts, plutôt que les contribuables qui ont gagné l’argent. Il n’y aurait donc pas de raison de réduire les impôts.

Le problème dans ce raisonnement est que les vraies raisons économiques de réduire les impôts résident ailleurs que dans cette idée de dépenser pour «faire rouler l’économie». L’idée a été inventée par John Maynard Keynes et défendue en 1936 dans The General Theory of Employment Interest and Money, mais elle a été presque complètement discréditée ces dernières décennies. En fait, son discrédit a commencé au milieu des années 70, alors que l’accroissement des dépenses et des déficits publics inpiré par la recette keynésienne engendra la stagflation (une stagnation jumelée à l’inflation) et, finalement, la récession du début des années 80.

D’ailleurs, si l’argument keynésien que les dépenses génèrent de l’activité économique était vrai, l’État n’aurait qu’à imprimer des billets de banques et à les distribuer au hasard (peut-être en les jetant tout simplement d’un avion). Les bénéficiaires iraient de ce pas générer de l’activité économique. On sait que ce ne serait qu’une recette inflationniste.

En réalité, l’économie «tourne» plutôt d’elle-même si on laisse les gens libres de gagner des revenus, c’est-à-dire de produire des biens et services, afin de se procurer, en retour, les biens et services qu’ils désirent. Il ne faut jamais oublier que l’argent que l’on dépense n’est qu’un moyen d’échanger ce que l’on produit pour ce que l’on veut consommer.

Ainsi, les vrais arguments en faveur des réductions d’impôt s’articulent plutôt autour de l’idée que si on laisse les contribuables libres de faire ce qu’ils veulent avec l’argent qu’ils gagnent, ils auront une incitation à en gagner davantage. Ils produiront plus et investiront plus, afin d’échanger les fruits de leur travail pour ce qu’ils veulent. C’est lorsque les individus travaillent, produisent et investissent davantage que l’économie croît et «roule» plus vite, et non par le simple fait de dépenser. Autre avantage, ce qui est alors produit dans l’économie correspond mieux à ce qui a le plus de valeur pour les consommateurs eux-mêmes, ce qui n’est pas toujours le cas lorsque l’argent est dépensé par les politiciens et les bureaucrates.

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