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Accès refusé aux soins de première ligne, et si on s’inspirait de l’Allemagne et des Pays-Bas?

Longtemps considéré comme une pierre angulaire de notre fierté nationale, le système de santé canadien est sur le mode de la survie. Environ un adulte sur sept n’a pas d’accès régulier aux soins de première ligne, comme un médecin de famille. Et même parmi ceux qui y ont accès, près des trois quarts ne peuvent pas obtenir un rendez-vous le même jour ou le lendemain.

Les parents se tournent vers les cliniques sans rendez-vous pour les examens de routine de leurs enfants, les aînés languissent dans l’espoir d’obtenir un accès à un spécialiste et les jeunes présentant des symptômes inquiétants ont du mal à obtenir un rendez-vous en temps opportun.

Résultat : ces statistiques gênantes ont des conséquences réelles et représentent une véritable souffrance humaine. Nous savons tous qu’il faut faire quelque chose, mais quoi ?

Le simple fait de noyer encore plus le problème sous l’argent n’a guère contribué à résoudre les problèmes structurels fondamentaux qui affligent notre système. À mesure que les dépenses grimpent, les temps d’attente augmentent et les problèmes d’accès se multiplient.

Il faut se rendre à l’évidence que cette solution ne fonctionne pas.

Des exemples à suivre

Tout n’est pas perdu, cependant. Nous pouvons espérer faire mieux si nous sommes prêts à apprendre d’autres pays qui ont réussi à protéger leur couverture universelle en y intégrant des éléments de choix et de concurrence.

Prenons comme exemple l’Allemagne et les Pays-Bas. Alors que ces pays dépensent des sommes semblables aux nôtres pour les soins de santé, plus de la moitié des patients allemands et néerlandais réussissent à obtenir un rendez-vous le même jour ou le lendemain pour des soins de première ligne. Seuls 26 % des patients canadiens peuvent en dire autant.

La question est donc la suivante : que font de différent l’Allemagne et les Pays-Bas ?

Tout d’abord, les deux pays autorisent plusieurs assureurs et régimes d’assurance maladie, favorisant ainsi la concurrence et le choix pour les patients. En Allemagne, il y a près de 175 fonds d’assurance maladie, tandis qu’aux Pays-Bas, les patients peuvent choisir parmi plus de 50 plans d’assurance maladie différents.

Au Canada, la seule façon de changer d’assureur est de déménager dans une autre province.

Autre différence notable : l’Allemagne et les Pays-Bas facilitent l’accès aux spécialistes.

Alors qu’au Canada il faut obtenir une recommandation, les patients allemands peuvent souvent consulter des spécialistes directement. Aux Pays-Bas, des mécanismes existent pour contourner le contrôle d’accès. Cela permet de réduire la pression sur les médecins de famille.

Enfin, contrairement à la majorité des provinces canadiennes, l’Allemagne et les Pays-Bas permettent au personnel de la santé de travailler en parallèle dans le secteur public et dans le secteur indépendant.

Les restrictions canadiennes limitent la flexibilité des travailleurs, ce qui leur fait parfois tourner le dos complètement au système public. Au Québec seulement, 780 médecins se sont retirés du système public au cours de la dernière année. Les deux tiers d’entre eux sont des omnipraticiens.

Recommandations

Il est temps de regarder au-delà de l’idéologie et d’apprendre de pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas, qui ont des systèmes de santé universels plus performants. Nous avons trois recommandations particulières à faire. D’abord, nous devrions permettre l’assurance privée duplicative pour les soins médicalement nécessaires, y compris les soins de première ligne, ce qui introduirait une concurrence et un choix indispensables dans notre système de santé.

Ensuite, nous devrions permettre aux patients de consulter directement des spécialistes, ce qui réduirait le fardeau des fournisseurs de soins de première ligne tout en améliorant l’accès rapide aux soins.

Enfin, nous devrions laisser les travailleurs de la santé s’engager dans une pratique mixte, leur permettant de servir les patients dans les secteurs public et indépendant, ce qui nous aiderait à garder les médecins dans le système public et à augmenter la disponibilité des services de santé.

Nous sommes fiers de notre système de soins de santé universel, mais cette fierté ne doit pas nous rendre aveugles devant ses lacunes. L’Allemagne et les Pays-Bas montrent qu’il est possible de maintenir une couverture universelle tout en introduisant des éléments de choix et de concurrence.

Alors que les temps d’attente augmentent et que les problèmes d’accès persistent partout au Canada, nous ne pouvons pas nous permettre de maintenir l’ordre établi. La santé de notre nation en dépend.

Krystle Wittevrongel is the Director of Research at the MEI and Conrad Eder is a Public Policy Analyst at the MEI. They are the authors of “International Health Perspectives: Comparing Primary Care in Canada, Germany, and the Netherlands” and the views reflected in this opinion piece are her own.

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