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Le Canada stagne, il est impératif d’agir

On a appris récemment qu’Ottawa avait décidé de reculer sur les contraintes imposées à certaines grandes entreprises émettrices de gaz à effet de serre (GES), en leur permettant d’en émettre plus avant d’avoir à payer la taxe carbone. C’est certainement un pas dans la bonne direction, car cette taxe représente un coût élevé pour les entreprises canadiennes qui subissent une forte concurrence internationale provenant de régions qui n’imposent pas de prix sur le carbone. Or, il est de plus en plus reconnu que le danger de fuite de production et d’emplois vers des cieux moins taxés est important.

Cette sensibilité nouvelle aux réalités économiques doit être saluée, mais elle est aussi l’occasion de rappeler que le Canada stagne ou même perd du terrain en termes de compétitivité, face à ses concurrents les plus importants. En cause : la productivité canadienne faible (et sa croissance anémique), liée à l’environnement fiscal et réglementaire.

La perception du Canada comme un havre de sécurité et de rendements élevés s’est érodée. Les initiatives gouvernementales coûteuses en matière environnementale (dont la taxe carbone), la quasi-impossibilité de bâtir des infrastructures énergétiques et l’alourdissement de la réglementation au Canada lancent un très mauvais message. Entre-temps, aux États-Unis, nos plus importants concurrents, l’évolution se fait en sens inverse : baisse massive des impôts sur les profits, allégement de la réglementation et la mise au rancart de l’idée d’une taxe carbone nationale.

Ajoutons l’incertitude entourant la renégociation de l’ALÉNA et nous présentons un cocktail peu appétissant aux preneurs de risque privés, qui délaissent le Canada pour des régions plus accueillantes. La situation est particulièrement désastreuse dans le secteur des ressources, traditionnellement un domaine dans lequel le Canada possède des avantages relatifs indéniables.

Ce constat a des répercussions importantes pour tous les Canadiens. Selon Statistique Canada, entre le premier trimestre 2008 (donc, avant la récession de 2008-2009) et le premier trimestre 2018, l’investissement réel privé des entreprises n’a augmenté que de 2,6 %, malgré une augmentation du PIB réel de 18,6 %. Et la situation empire depuis 2014, qui est pourtant une période de croissance. L’investissement direct étranger au Canada (les sommes investies par les étrangers dans les actifs réels productifs au Canada) a récemment chuté pour atteindre son niveau le plus faible en huit ans, pendant que les Canadiens, eux, investissent de plus en plus ailleurs.

Un des résultats de cette performance pitoyable en investissement est que la croissance de la productivité canadienne est anémique. Elle n’a augmenté que de 48 % entre 1981 et 2015, contre 67 % aux États-Unis, 75 % en Suède, 64 % en Belgique et 108 % au Japon. Le Québec a fait encore pire que le Canada, avec 39 % de croissance. Cette mauvaise performance relative de notre productivité plombe notre croissance économique, les revenus des gouvernements et, ultimement, les salaires et revenus des Canadiens.

Si nous voulons cesser de nous enrichir moins vite que nos voisins, il est grand temps de prendre le taureau par les cornes et de revoir l’ensemble des politiques publiques ayant un impact sur l’investissement au Canada. Nous devons impérativement revoir la fiscalité et la réglementation des entreprises, afin de les simplifier et d’en amoindrir les coûts pour les firmes. La taxe carbone nationale, un autre coût pour les entreprises, doit être remise en question, tant que notre plus important partenaire commercial choisira de ne pas prendre cette voie. Notre prospérité dépend, maintenant et dans le futur, de notre attractivité pour les investisseurs et le Canada a toute une côte à remonter

Germain Belzile is a Senior Associate Researcher at the MEI. The views reflected in this op-ed are his own.

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