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CHSLD : pourquoi le privé fait-il mieux?

J’ai publié récemment un billet sur les CHSLD. En gros, j’expliquais qu’à l’intérieur du réseau public, certains CHSLD sont financés par l’État et gérés par des entrepreneurs privés. Le coût pour les patients, les conditions de travail et la clientèle sont les mêmes, mais la qualité globale des CHSLD privés conventionnés est globalement supérieure de l’aveu même du gouvernement, tandis que le coût pour l’État est un peu moins élevé. Une formule gagnante, donc. En plus, les CHSLD privés conventionnés arrivent à générer des profits pour ceux qui les opèrent, et ils paient des impôts. (Une publication sur le même sujet est aussi disponible ici.)

Tout le monde n’est pas convaincu. Un nombre surprenant de Québécois croient encore à la supériorité du dirigisme étatique sur la capacité d’innovation et la débrouillardise des entrepreneurs.

Pourtant, à moyens égaux, il est tout à fait normal qu’un entrepreneur arrive à de meilleurs résultats. Évidemment, parce que c’est son entreprise, sa boîte, son gagne-pain : quand vous possédez une business, ça vous habite. Vous cherchez constamment à trouver des façons d’améliorer votre entreprise. De plus, dans le cas des CHSLD privés conventionnés, il s’agit souvent d’entreprises familiales dont les propriétaires sont sur place. L’implication de leur part est certainement plus personnelle et plus intéressée.

On me répondra qu’il y a des gestionnaires publics dévoués et des entrepreneurs incompétents. Bien sûr. C’est pourquoi au-delà des intentions, il faut voir les incitations. Un entrepreneur privé, peu importe le domaine dans lequel il œuvre, produit des biens ou des services pour des clients. Si les clients ne veulent pas de ses biens ou de ses services, l’entreprise meurt et l’entrepreneur perd l’argent investi.

Le marché des CHSLD n’est pas totalement libre puisqu’il est contrôlé en grande partie par le gouvernement. Cependant, on tient compte du choix du patient lors de sa demande d’hébergement. L’entrepreneur a donc intérêt à préserver sa bonne réputation afin de protéger son investissement, et – pardonnez l’expression – à se fendre le derrière en quatre afin de le rendre plus rentable (je note au passage qu’il ne peut y avoir de profit sur l’enveloppe réservée aux soins, et que seule la partie administrative peut générer des surplus).

À l’opposé, les administrateurs d’un établissement géré par l’État, même les plus intègres et les plus compétents, n’ont pas un intérêt aussi immédiat. Le fait que la clientèle soit moins satisfaite ou qu’il y ait des déficits n’a pas les mêmes conséquences. Il n’y a aucune motivation à faire du profit. En fait, c’est même le contraire.

Suivez l’argent

Si l’entrepreneur privé fait du profit, il s’enrichit. Si le gestionnaire public ne dépense pas tout son budget, il risque de le voir réduit l’année suivante. Le phénomène du vidage des fonds de tiroirs gouvernementaux en fin d’année est tellement répandu qu’il a maintenant un nom, le « March Madness », en référence au populaire tournoi de basketball universitaire. Pendant les quatre dernières semaines de l’année financière, les organismes gouvernementaux québécois dépensent jusqu’à six fois plus qu’à l’habitude. Le même phénomène prévaut à Ottawa : plus tôt cette année, on a commandé 31 000 téléphones intelligents quelques semaines avant la date limite afin de préserver l’enveloppe budgétaire. Trente-et-un mille. (Le coût pour les contribuables a été de 21,5 millions $, si vous voulez savoir.)

Dans des organisations comme les commissions scolaires, cette manie de dépenser les budgets sans égards aux besoins a par exemple donné lieu à l’achat de 17 000 $ de téléviseurs pour une seule salle de réunion. Au privé, un gestionnaire qui ferait ça à répétition se ferait mettre à la porte. Au public, il est récompensé, puisqu’il voit son budget maintenu.

Quant à la qualité générale, si vous doutez encore de la supériorité de l’entrepreneuriat sur l’État, pensez aux produits et aux services dont vous êtes généralement satisfaits, et faites-en la liste. Il y a de fortes chances qu’ils soient en grande partie le fruit d’un entrepreneur qui travaille jour après jour à s’assurer de votre fidélité et à élargir sa clientèle.

Pensez ensuite aux services qui vous rendent moins heureux, vous font attendre ou coûtent trop cher pour ce qu’ils vous rapportent, ou à ces fournisseurs de services qui ne semblent pas avoir le souci de vous garder comme client et vous tiennent pour acquis, quand ils ne vous forcent carrément pas à payer. Identifiez les services qui sont issus d’un des paliers de gouvernement et ceux qui sont produits par des entrepreneurs, et comparez.

Je vous laisse faire le décompte. J’ai une bonne idée du résultat.

Patrick Déry is a Public Policy Analyst at the Montreal Economic Institute. He is the author of “Relying on Entrepreneurs to House and Care for Our Seniors” and the views reflected in this op-ed are his own.

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