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Les Québécois veulent entreprendre, mais se battent contre l’impôt

Est-ce que les Québécois ont une fibre entrepreneuriale très développée, ou moins qu’ailleurs? Un article récent de La Presse souligne ce paradoxe, à savoir que différentes études envoient des messages contradictoires. L’explication se trouve dans le fait que les Québécois sont pleins de bonne volonté, ils aiment beaucoup plus l’entrepreneuriat que ce qu’on croit parfois, mais ils mènent une bataille extrêmement difficile contre la fiscalité.

Par exemple, un rapport publié chaque année, produit par des économistes à l’Université du Québec à Trois-Rivières, souligne bon an mal an les intentions entrepreneuriales élevées des Québécois, ainsi que leur appréciation de leurs propres capacités entrepreneuriales.

Par exemple, dans le classement d’une vingtaine d’économies comparables, le Québec y est situé :

  • Au 2e rang des économies où l’on croit avoir les capacités pour démarrer une entreprise;
  • au 3e rang des économies où l’on prétend avoir l’intention de démarrer une entreprise et avoir fait des démarches en ce sens;
  • au 1er rang des économies où l’on prétend être des investisseurs informels (financement direct ou sociofinancement);
  • au 2e rang pour la proportion d’hommes en démarrage d’entreprise, mais au 5e rang pour celle des femmes (alors que le reste du Canada occupe le 1errang pour les femmes);
  • au 2e rang pour la proportion de jeunes de 18-24 ans qui disent vouloir démarrer une entreprise, et au 3e rang pour les 25-34 ans.

Pourtant, quand on compare ces résultats avec ceux tirés d’un rapport récent sur les entreprises du Québec, publié par le service de développement économique de la Ville de Montréal, le nombre total d’entreprises privées en activité a diminué chaque année entre 2011 et 2015 (dernière année disponible), alors que ce nombre est en constante augmentation dans le reste du Canada et qu’il avait aussi augmenté au Québec précédemment, de 2002 à 2008. Dans un rapport récent, mon coauteur et moi avions d’ailleurs constaté le taux de création d’entreprises est plus faible au Québec qu’ailleurs.

Comment réconcilier cette différence entre les résultats optimistes de la première étude et ceux, moins encourageants, des deux autres? Tout simplement en constatant que beaucoup possèdent la fibre entrepreneuriale au Québec, mais que passer des intentions à l’acte, et à la réussite est rendu très compliqué en raison des impôts et de la réglementation.

L’impôt, le principal coupable

La pression fiscale au Québec, soit la part des impôts et taxe prélevée sur l’économie de la province, est la plus élevée de tout le pays. Par exemple, depuis 2008, le fardeau fiscal a augmenté de 2,2 points de pourcentage au Québec, contre une diminution de 1 point en Ontario. Et, bien que d’autres provinces aient fait pire que le Québec pendant la même période (l’Alberta a augmenté sa pression fiscale de 3,8 points), le taux absolu du Québec reste le plus élevé avec 38,5 %, contre 32,8 % en Ontario et 28,6 % en Alberta.

Par rapport à la taille de l’économie, sur cette même période, le poids les impôts des individus, des impôts des entreprises, des taxes à la consommation, des taxes foncières (municipales), ainsi que des cotisations sociales ont tous augmenté. Tous. Dans le reste du Canada, il n’y a que le poids de l’impôt foncier qui a augmenté de façon importante.

Les impôts ont une influence importante sur l’entrepreneuriat, entre autres parce qu’ils rendent plus difficile l’accumulation du capital nécessaire pour démarrer une entreprise et qu’ils rendent les projets entrepreneuriaux plus coûteux.

Devons-nous vraiment être surpris que le nombre d’entreprises diminue depuis plusieurs années, si sur la même période le poids de la fiscalité n’a cessé d’augmenter?

Ce n’est bien entendu pas le seul facteur, et plusieurs autres sont soulignés par les experts sondés par l’équipe de Trois-Rivières. Toutefois, selon eux, la catégorie qui regroupe les impôts est l’une des moins favorables à l’entrepreneuriat au Québec.

Un de mes collègues soulignait récemment que bien que le Québec ne génère que 19 % de l’activité économique totale des provinces, il octroie près de 29 % des subventions versées par celles-ci. Vu les résultats, en avons-nous vraiment pour notre argent? Au lieu de subventionner les entreprises, il vaudrait mieux tout simplement moins les imposer!

Mathieu Bédard is Economist at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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