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Santé – Les Québécois sont prêts pour du changement

Lorsque sondés sur le système de santé, les Québécois ne se gênent pas pour exprimer leur ras-le-bol.

Et quand on leur fait part de solutions possibles, ils ont des opinions qui les feraient passer, aux yeux de certains bien-pensants, pour des « radicaux ».

On ne devrait guère s’en surprendre, puisqu’une forte majorité d’entre eux (76 %) n’ont pas l’impression d’en avoir assez pour leur argent, alors que seulement 2 % sont d’avis que le système fonctionne bien.

Comment remédier à la situation ? Plus des deux tiers des Québécois souhaitent avoir le choix d’aller au privé si la qualité et les délais sont plus courts. (Au lieu de « privé », on devrait plutôt parler d’établissements du secteur concurrentiel par opposition au monopole public.)

De plus, 80 % des Québécois sont favorables à une participation du secteur concurrentiel en santé, dont les soins seraient couverts par l’assurance maladie uniquement (49 %), ou avec la possibilité de payer directement de leur poche (32 %).

Ces résultats sont tirés d’un récent sondage de la firme CROP à l’échelle de la province, pour le compte de chercheurs du Pôle santé HEC Montréal.

Nos élus, qui prennent souvent des décisions basées sur des calculs politiques, devraient savoir que les Québécois sont prêts à réformer le système.

En fait, 60 % des Québécois ont affirmé qu’ils voudraient rebâtir le système à partir de zéro !

Les Québécois veulent du choix

Lorsqu’interrogés sur différentes réformes pour améliorer le système actuel, les Québécois se montrent majoritairement en faveur de plusieurs mesures et idées développées au fil des ans par notre institut.

Par exemple, 57 % sont d’avis que les médecins devraient être autorisés à pratiquer au public et au privé, tant que cela respecte certaines conditions. Seulement 28 % d’entre eux appuient la loi actuelle qui oblige les médecins à faire un choix entre les deux. Rappelons que la pratique mixte est monnaie courante dans les pays européens, et ferait en sorte d’augmenter l’offre de services.

Pas moins de 86 % des répondants souhaiteraient pouvoir comparer et choisir leur prestataire de services médicaux, et ce, parmi des options tant au public qu’au privé.

L’an dernier, l’IEDM a publié une recherche sur l’expérience allemande pour démontrer l’utilité des rapports de qualité que les hôpitaux doivent rendre publics dans ce pays. Des indicateurs de performance simples y sont répertoriés et permettent aux patients de choisir l’établissement qui répond à leurs exigences et à leurs préférences. Il en résulte un cercle vertueux qui profite à tout le monde.

En complément de cette mesure, les hôpitaux allemands sont maintenant financés en fonction du nombre et du type d’actes médicaux offerts. Voilà une autre réforme nécessaire au Québec, qui ferait en sorte que le patient deviendrait une source de revenus et non une dépense, et inciterait les administrateurs à innover pour faciliter l’accès et traiter plus de patients. À ce sujet, il faut encourager le ministre Barrette à poursuivre ses efforts pour mener à bien cette réforme qu’il a amorcée il y a plus d’un an.

Un plus grand choix pour les patients, un financement en fonction des services rendus et la pratique mixte sont certainement les réformes les plus importantes à mettre en œuvre chez nous.

Et cela pour le plus grand bien des patients. Des pays ayant des programmes sociaux très développés comme la France, la Suède et l’Allemagne ne connaissent pas le phénomène des longues listes d’attente, parce que leur système de santé universel s’appuie sur les avantages de la concurrence plutôt que sur l’extrême centralisation que nous connaissons ici.

Considérant que les Québécois sont majoritairement ouverts à de telles réformes, rien ne justifie la mainmise du monopole public sur les soins prodigués à la population. Pendant trop longtemps, nous n’avons eu droit qu’à des réformes superficielles et à plus de centralisation. Il est grand temps que le ministre modifie cette approche afin d’offrir aux Québécois des services à la hauteur de leurs attentes.

Germain Belzile is Senior Associate Researcher at the MEI, Jasmin Guénette is Vice President of Operations at the MEI. The views reflected in this op-ed are their own.

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