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Impôt et dette : toujours les mêmes débats !

L’Idée  de faire payer les « riches » pour redistribuer l’argent vers la classe moyenne et les plus pauvres n’est pas nouvelle. Mais elle est revenue sur le tapis suite aux déclarations de François Legault dans une entrevue récente à La Presse, qu’il a reniées quelques jours plus tard à la suite d’une pluie de critiques. Dans la même entrevue, M. Legault relativisait l’importance de la dette du Québec, affirmant que « c’est bien beau, la dette du Québec, mais il faut penser à la dette des Québécois ».

Comment se fait-il qu’au Québec, l’un des deux ou trois endroits en Amérique du Nord où les impôts et le niveau d’endettement de l’État sont les plus élevés, on ne soit encore à débattre de l’opportunité de hausser davantage les impôts et de ne pas se préoccuper de la dette ?!

Parlons-en un peu des « riches » au Québec. Paient-ils leur juste part des recettes du gouvernement ? Un document du ministère des Finances, intitulé Statistiques fiscales des particuliers, nous apprend qu’en 2013, environ 5,6 % des contribuables les plus riches (ceux qui gagnent 100 000 $ et plus) gagnaient 24,7 % des revenus totaux et payaient à eux seuls 38,6 % de tous les impôts des particuliers. Ces impôts servent à financer le système de santé, les garderies subventionnées, le programme d’assurance parentale, les écoles, les routes, les subventions aux artistes, etc.

La question que je me pose est simple : jusqu’où peut-on presser le citron des riches ? Est-ce que les 5,6% des contribuables qui payent presque 40% de tous les impôts des particuliers devraient payer 45%, 55%, voire 75% de ces mêmes impôts? Où trace-t-on la ligne? 

Il y a beaucoup de chose à dire sur le niveau d’imposition des plus fortunés, mais une chose est certaine : trop d’impôt tue l’impôt, comme le dit le vieux dicton. Et la journée où l’on va « tuer » l’impôt pour vrai, ce ne sont pas ces « riches » à 100 000 $ qui vont en subir les conséquences néfastes, mais les gens moins fortunés qu’on veut justement aider.

Il faut reconnaître que la classe moyenne est elle aussi surtaxée et que nos taxes, tarifs et impôts sont beaucoup trop élevés par rapport à ceux de nos voisins. L’objectif de base – réduire le fardeau fiscal d’une majorité de Québécois – est certes bien avisé. Mais pourquoi toujours chercher la solution facile d’une redistribution de la richesse par des taxes ou des impôts ? Pourquoi ne pas exiger une plus grande rigueur dans les dépenses de l’État ? Les pistes de solution sont pourtant nombreuses.  Avec un budget de plus de 100 milliards $ par année, il est clair que le problème du gouvernement n’en est pas un de revenu, mais bien d’éparpillement et de contrôle de ses dépenses.

Quant à la dette que nous laisserons aux prochaines générations, il faut rappeler qu’en 2016-2017, le service de la dette sera de 10 milliards de dollars. Autant de milliards qui ne peuvent servir pour des services en santé ou pour nos écoles, par exemple. Or, comme c’est souvent le cas, les commissions scolaires qui gèrent ces écoles vont refiler leur manque à gagner aux contribuables sous forme de hausses de leur compte de taxes.

D’ailleurs, savez-vous à combien se chiffre la dette du secteur public aujourd’hui ? Nous approchons les 278 milliards ! Oui, vous avez bien lu. La dette par contribuable est de 69 000$. Elle augmente de 13 120 $ par minute ! Comme le disait Édouard Carpentier « Ça fait mal ! ».

Si l’on ajoute à ce portrait le vieillissement de la population, qui est plus prononcé au Québec qu’ailleurs au Canada et qui augmentera la pression sur le système de santé, on doit conclure que la dette est un problème préoccupant, qui nécessite d’intervenir tout de suite, avant qu’il n’empire davantage.

Une toute nouvelle application iOS de l’IEDM aide d’ailleurs à comprendre le problème de la dette au Québec. On peut la trouver ici. J’espère que M. Legault et nos autres élus prendront le temps de la consulter durant les fêtes pour mieux comprendre ces enjeux. J’en profite d’ailleurs pour souhaiter de belles Fêtes à tous les contribuables du Québec.

Jasmin Guénette is Vice President of the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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