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N’en déplaise à Donald Trump, le libre-échange est écologique

Depuis lundi dernier (18 juillet) se tient à Cleveland la Convention républicaine où la candidature de Donald Trump comme candidat du parti pour l’élection présidentielle de novembre doit être confirmée. Lorsqu’il prononcera son discours d’acceptation, il répétera sans doute la tirade qui est devenu sa marque de commerce contre les accords de libre-échange.

D’un point de vue purement économique, il a tout simplement tort. Parmi les économistes, il existe un large consensus sur le fait que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) a été bénéfique. Dans l’ensemble, l’ALÉNA a considérablement augmenté le volume des échanges et rendu les Américains, ainsi que les Canadiens, plus productifs. Ils jouissent d’un niveau de vie plus élevé grâce au libre-échange.

Un autre bienfait méconnu du libre-échange disparaîtrait si Donald Trump était élu et décidait de diluer les règles de l’ALÉNA et d’autres accords commerciaux : le libre-échange protège l’environnement.

Tout d’abord, le libre-échange modifie la localisation de la production. Les producteurs se déplacent là où la production est plus efficace et, dans de nombreux cas, il y a un avantage environnemental à ce phénomène.

Prenons le cas de l’agriculture. Une étude récente a conclu que près d’un cinquième des gains de productivité réalisée dans le domaine de l’agriculture sont issus du déplacement vers des endroits plus appropriés. Comme le libre-échange libère les sols qui sont exploités de façon improductive, il y a un fort avantage environnemental en termes de reboisement. De plus, l’expédition d’énormes quantités de nourriture en bateau nécessite beaucoup moins d’énergie par tonne que l’expédition par train ou par camion, ce qui veut effectivement dire moins d’émissions de gaz à effets de serre par tonne de nourriture.

En outre, le libre-échange augmente la disponibilité des produits respectueux de l’environnement en abaissant leurs prix. Les individus peuvent alors augmenter leur consommation de ces produits, et les entreprises peuvent adopter des techniques de production qui en font usage.

Un exemple éloquent est le marché des voitures d’occasion. Étant donné qu’une grande partie de la pollution associée à l’automobile est émise lors de leur fabrication, augmenter la durée de vie d’une voiture limite les émissions totales. Le commerce des voitures d’occasion au-delà des frontières a tendance à être très restreint, de sorte que même une faible libéralisation conduit à une augmentation significative du volume des échanges, avec des avantages environnementaux substantiels.

Par exemple en 2005, les restrictions commerciales sur les véhicules d’occasion entre le Mexique et les États-Unis ont été éliminées et 2,5 millions de véhicules usagés ont ensuite été exportés au Mexique. Étant donné que les voitures importées sont plus propres que les véhicules existants au Mexique, le commerce des voitures d’occasion a diminué la pollution dans ce pays. En outre, les voitures vendues au Mexique étaient plus polluantes que le reste des véhicules aux États-Unis. Cela signifie que les Américains vendaient leurs voitures d’occasion aux Mexicains pour acheter des voitures qui étaient plus économes en carburant, réduisant ainsi les émissions de GES. Fondamentalement, le libre-échange des voitures d’occasion a permis une réduction des émissions de gaz à effets de serre dans les deux pays.

Bien sûr, la manière dont la libéralisation des échanges a lieu est cruciale pour déterminer l’étendue des effets positifs. Cependant, de nombreuses études montrent les solides bienfaits environnementaux du libre-échange, avec très peu de signes d’effets néfastes. En bref, le libre-échange est bon pour l’environnement, ainsi que pour le niveau de vie des gens. Les électeurs américains devraient garder cela à l’esprit lorsqu’ils écoutent Donald Trump dénigrer le libre-échange.

Mathieu Bédard is Economist at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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