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Op-eds

L’innovation pharmaceutique est bénéfique pour les patients comme pour les finances publiques

Le coût des nouveaux médicaments est la cible de critiques récurrentes dans le débat public. Les préoccupations liées à ces coûts motivent les appels à l’intervention gouvernementale dans le secteur pharmaceutique, allant jusqu’à des demandes pour un monopole national d’assurance médicaments dans le but de contrôler les dépenses pour les médicaments d’ordonnance.

Certes, considérer les coûts en vase clos en dit bien peu sur la valeur de l’innovation pharmaceutique. Lorsqu’on prend en compte les bénéfices apportés par les nouveaux médicaments, on constate toutefois qu’ils en valent certainement le coût — et même plus.

Entre 1995 et 2012, l’espérance de vie à la naissance au Canada a augmenté de plus de trois ans. Bien qu’une telle augmentation ait de multiples causes, un nombre important et croissant d’études ont démontré que l’innovation pharmaceutique explique en grande partie les améliorations à long terme au chapitre de la santé et de la longévité.

À maintes reprises, les études ont démontré l’impact positif de l’innovation pharmaceutique au moyen de différentes méthodologies. En Suisse, par exemple, une étude utilisant des données sur les patients a conclu que le développement des médicaments cardiovasculaires était responsable d’au moins le quart de l’augmentation de la longévité chez les résidents âgés pour la période de 2003 à 2012.

Une autre étude basée sur des données régionales, visant 30 pays en développement ou à revenu élevé, a révélé que l’espérance de vie augmentait plus rapidement dans ceux où on notait de plus fortes hausses du millésime des médicaments (l’année de lancement à l’échelle mondiale).

Selon une troisième étude, utilisant cette fois des données sur les maladies au Canada, les sièges du cancer (sein, poumon, colon, etc.) ayant fait l’objet d’une plus grande innovation pharmaceutique ont connu de plus fortes baisses du taux de mortalité prématurée.

L’état de santé et la productivité de la population profitent aussi de l’innovation pharmaceutique. Les jours de travail et d’école manqués annuellement pour cause de maladie ou de blessure aux États-Unis ont diminué plus rapidement de 1997 à 2010, en ce qui concerne les troubles médicaux pour lesquels on a noté une plus forte hausse du nombre moyen de médicaments d’ordonnance plus récents consommés.

L’usage de médicaments d’ordonnance plus nouveaux a aussi fait diminuer le ratio du nombre de travailleurs touchant des prestations d’assurance invalidité de la Sécurité sociale sur la population en âge de travailler, en plus d’améliorer la capacité des résidents des centres de soins de longue durée à se livrer aux activités de la vie quotidienne.

Économies substantielles

Malgré le fait que les nouveaux médicaments puissent paraître dispendieux lorsque considérés de façon isolée, l’innovation pharmaceutique entraîne des réductions de coûts dans le reste du système de santé par un usage réduit des services des hôpitaux et des résidences pour personnes âgées avec soins de longue durée.

À titre d’exemple, j’ai récemment étudié l’impact que l’innovation pharmaceutique a eu sur l’utilisation des hôpitaux par les patients atteints du cancer au Canada de 1995 à 2012.

Durant cette période, le nombre de journées d’hospitalisation pour cause de cancer a diminué de 23 % même si le nombre de nouveaux diagnostics de cancer a crû de 46 %. Ma recherche montre que les sièges du cancer (sein, prostate, poumon) qui ont fait l’objet d’une plus grande innovation pharmaceutique ont vu de plus grandes diminutions dans l’utilisation de soins hospitaliers associés. Si aucun nouveau médicament n’avait été enregistré entre 1980 et 1997, 1,72 million de journées d’hospitalisation supplémentaires auraient été requises pour les patients atteints du cancer en 2012, presque le double du nombre actuel requis.

Ces journées supplémentaires d’hospitalisation auraient représenté un coût additionnel de 4,7 milliards de dollars canadiens. En revanche, la somme des dépenses sur les médicaments contre le cancer (vieux et nouveaux) en 2012 est estimée à 3,8 milliards de dollars. Ainsi, ces innovations pharmaceutiques ont certainement généré des économies substantielles.

Pour toutes ces raisons, le gouvernement fédéral devrait y réfléchir à deux fois avant d’adopter des politiques qui pourraient compromettre le développement de médicaments qui permettent aux Canadiens de vivre plus longtemps et en meilleure santé.

Frank R. Lichtenberg is an Associate Researcher at the MEI and the author of "The Benefits of Pharmaceutical Innovation: Health, Longevity, and Savings." The views reflected in this op-ed are his own.

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