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Le coût de la réduction des GES : 600$ à 1800$ par Canadien

Les choix ne sont jamais gratuits. Voilà une des premières leçons qu’apprend tout étudiant en économie. L’expression anglaise est mieux connue : there’s no such thing as a free lunch! C’est pourquoi les gens prennent des décisions en se basant sur les avantages, mais aussi sur les coûts de leurs choix.

Pour lutter contre les changements climatiques, plusieurs propositions sont discutées et il est là aussi crucial de considérer les coûts comme les avantages. C’était l’idée qui nous a guidé en décembre 2014 lorsque Germain Belzile et moi avons publié un Cahier de recherche à l’IEDM sur les coûts d’une transition énergétique accélérée intitulé Peut-on se débarrasser du pétrole?

Nous avions alors estimé que des propositions ambitieuses pour réduire la consommation de pétrole de 20 % au Québec représenteraient un coût d’environ 1875$ par ménage.

De son côté, le gouvernement du Canada a pour objectif de réduire les GES de 30% d’ici 2030, par rapport au niveau de 2005. Le Directeur parlementaire du budget vient de faire un exercice qui confirme l’ampleur de notre résultat.

« [L]es changements obligés auront forcément un impact sur l’économie, car les sources d’énergie non émettrices de GES sont actuellement plus coûteuses que le charbon bon marché, le gaz naturel et même les produits pétroliers. Selon l’estimation utilisée dans le rapport du [Directeur parlementaire du budget (DPB)], les revenus pourraient être réduits de 1 à 3 % par rapport à ce qu’ils seraient autrement selon l’estimation qu’en fait le DPB ».

Combien représente une diminution des revenus de 1 à 3 %? Entre 600$ et 1800$ par Canadien, en dollars d’aujourd’hui. Comme il y a en moyenne 2,55 personnes par ménage, le coût calculé par ménage est entre 1529$ et 4588$. On voit que le coût de 1875$ que nous avions calculé, même si ce n’est pas tout à fait les mêmes propositions, est dans les mêmes eaux.

Cela ne signifie pas qu’il n’y a rien à faire, mais il faut trouver des manières efficaces d’agir. Comme le titrait un article du National Post, la cible canadienne équivaut à retirer toutes les voitures des routes. C’est vraiment très peu réaliste dans l’état actuel des choses.

Se pencher sur les coûts de certaines propositions présente l’intérêt d’illustrer la contrepartie aux grands discours politiques où on nous vante les mérites d’être des leaders tout en taisant les sacrifices que devront faire les familles ordinaires pour atteindre des objectifs toujours plus ambitieux. Il y a des solutions permettant de réduire les GES, mais aucune n’est parfaite. Un débat serein et rationnel à ce propos doit à la fois prendre en compte leurs résultats et leurs coûts. 

Youri Chassin is Economist and Research Director at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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