Sans liberté, pas d’entrepreneuriat
Avez-vous lu l'histoire de cette entrepreneure qui se fait interdire de repeindre sa nouvelle boutique par des inspecteurs de la Commission de la construction du Québec? La jeune femme veut peinturer et sabler ses planchers, avec son temps et son argent, pour préparer son nouveau local. Que disent les inspecteurs? Niet! Il faut embaucher un entrepreneur avec une licence, dans le cadre de la Loi R-20…
Geneviève Lorange n’a toutefois pas les moyens de faire appel à un entrepreneur pour ces rénovations mineures. « Quand on débute en affaires, on a des budgets serrés et on fait attention à nos dépenses », explique-t-elle avec raison.
Je vous épargne les détails des absurdités de cette loi R-20, qui sévit sur le monde de la construction au Québec et qui coûte des milliards à l'économie chaque année. Pour un exemple éloquent, cliquez ici. Parlons plutôt d'entrepreneuriat.
L'entrepreneuriat au Québec, c'est un peu comme la tarte aux pommes. Tout le monde aime ça et en veut plus. Mais dans les nombreux discours où ce thème est évoqué, j'entends rarement parler d'une condition préalable fondamentale pour avoir plus d'entrepreneuriat au Québec : plus de liberté économique. Et pour ceux qui croient que cette liberté économique n'est qu'une lubie de philosophe, je vous invite à relire le premier paragraphe de ce texte pour un exemple très, très concret.
L'histoire de Nicolas Duvernois, le jeune entrepreneur québécois derrière le succès de PUR Vodka, est un autre cas d'école qui illustre comment l'entrepreneuriat requiert une détermination hors du commun lorsque la liberté économique fait défaut. Ou comment l'esprit entrepreneurial peut être brimé par une réglementation gouvernementale qui, trop souvent, étouffe le sens de l'initiative et la création de richesse.
C'est d'ailleurs beaucoup plus facile de rallier des gens à la cause de l'entrepreneuriat qu'à la cause de la liberté économique. Pourtant, les deux sont indissociables. Pour avoir de l'entrepreneuriat vibrant au Québec ou ailleurs, une des conditions préalables est d'avoir la liberté économique. C'est une condition nécessaire pour un entrepreneuriat florissant et en santé.
Même à Cuba
Je m'en voudrais de terminer ce texte sans parler de ce qui se passe à Cuba où, justement, l'augmentation de la liberté économique – par l'ouverture de l'économie à l'initiative privée – permet l’émergence d'une multitude d'entrepreneurs et de « nouveaux riches ».
Il y a peu encore, seule une élite composée de militaires, dirigeants d’entreprises d’État, acteurs du tourisme ou artistes pouvait se permettre d’afficher certaines richesses, telles qu’une voiture ou des vêtements de marque. […] Selon les estimations, environ 500 000 Cubains travaillent aujourd’hui dans les quelque 200 métiers du cuentapropismo (petit commerce privé). Parmi eux, les restaurateurs, mécaniciens, propriétaires de chambres d’hôtes ou entrepreneurs dans la construction, sont ceux qui s’en sortent le mieux.
« On voit chaque jour davantage de Cubains qui consomment. Il y a plus de gens qui exercent des activités à leur compte et cela leur donne la possibilité de consommer dans des établissements comme celui-ci », explique Ernesto Blanco, 47 ans et patron de La Fontana, restaurant à la mode qui a récemment accueilli la chanteuse Rihanna.
Si les apparatchiks cubains comprennent cela, peut-on espérer que ceux de la CCQ et du gouvernement du Québec le comprennent aussi?
Michel Kelly-Gagnon is President and CEO of the Montreal Economic Institute. The views reflected in this column are his own.