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La roulette russe, la foudre et le faible risque des gaz de schiste

Durant votre vie, vous prendrez de nombreuses décisions risquées, et pas juste celles d’investir dans une maison ou d’acheter des fonds de placement. Vous conduirez votre auto, vous prendrez l’avion et vous sortirez faire un tour au dépanneur durant un orage. Bref, vous accepterez certains niveaux de risque dans certaines circonstances.

L’Environmental Protection Agency (EPA) américaine vient tout juste de publier une étude préliminaire attendue décrivant les impacts de la fracturation hydraulique sur les ressources en eaux potables. Cette synthèse de la littérature scientifique et des données disponibles conclut que le nombre de cas où la fracturation hydraulique a eu un impact sur l’eau potable est faible comparativement au nombre de puits fracturés et qu’il n’y a aucune indication de l’existence d’un mécanisme général de transmission établissant un lien entre la fracturation hydraulique et la qualité de l’eau.  

Des groupes écologistes québécois n’apprécient pas les résultats de cette étude environnementale, la plus exhaustive à ce jour sur la fracturation hydraulique. Ils affirment qu’elle ne prouve en rien que les forages sont sans risque pour l’environnement.

En fait, on pourrait longuement élaborer sur le fait que la science ne peut pas prouver l’absence de risque. Elle peut simplement dire qu’un risque est très peu probable. Comme on ne peut pas dire que tous les corbeaux sont noirs, mais qu’il est très probable qu’un corbeau tiré au hasard soit noir. Mais certains vont même plus loin en affirmant qu’aller de l’avant avec l’exploitation de gaz au Québec reviendrait à « jouer à la roulette russe avec l’eau potable ».

Jouer à la roulette russe. En voilà une hyperbole révélatrice! Cela démontre bien le ton alarmiste dont font usage les groupes environnementalistes radicaux, comme Greenpeace. Mais la figure de style a aussi l’avantage de comparer deux événements « risqués », même si les conséquences sont très différentes, c’est-à-dire la mort pour l’un et boire de l’eau embouteillée pour l’autre. Il s’agit en effet d’un bon terrain de comparaison.

Pour l’illustrer, voici une liste comparant les probabilités de réalisation de certains événements « risqués », dont le nombre de fuites aux puits liées à l’exploitation de pétrole et de gaz en Alberta en 2014, que nous avons compilées pour une récente publication:
 

Événement

Probabilité de réalisation

Se tirer une balle dans la tête en jouant à la roulette russe

1 sur 6

Se retrouver dans un accident d’auto cette année

1 sur 16

Mourir d’un accident d’auto dans sa vie

1 sur 82

Souffrir d’une crise cardiaque cette année

1 sur 250

Incidents affectant l’eau reliés à la fracturation hydraulique dans le nord-est des États-Unis entre 2008 et 2012

1 sur 289

Domicile qui prend en feu cette année

1 sur 300

Déversements liées à la fracturation hydraulique qui atteignent les eaux souterraines selon l’étude de l’EPA

1 sur 500

Fuites aux puits reliées à l’exploitation de pétrole et de gaz en Alberta en 2014 (avec ou sans impacts environnementaux)

1 sur 2857

Être frappé par la foudre dans sa vie

1 sur 3000

Que ce soit pour l’exploitation de pétrole et de gaz en Alberta ou pour l’exploitation du gaz de schiste au moyen de la fracturation hydraulique dans le nord-est des États-Unis, aucune fuite liée à un cours d’eau n’a eu d’impact négatif sur la santé humaine.

Il est évident que la fracturation hydraulique comporte un risque, que ce soit pour la contamination de l’eau potable, les émissions de méthane ou les secousses sismiques. Le risque zéro n’existe pas. Cependant, à la lumière des données disponibles à ce jour, il serait plus honnête de comparer les risques associés à la fracturation hydraulique à ceux de se faire frapper par la foudre, plutôt qu’à ceux associés à la roulette russe.

Youri Chassin is Economist and Research Director at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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