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Le Québec : un cordonnier de l’énergie bien mal chaussé

Le Québec regorge de ressources énergétiques. Nous avons principalement la chance d’avoir des cours d’eau si puissants qu’ils fournissent à 96% de la population l’électricité que nous consommons. Il s’agit non seulement d’une énergie abondante, mais aussi d’une énergie propre et renouvelable.

Notre territoire recèle aussi des quantités très alléchantes d’hydrocarbures, pétrole et gaz. Le gouvernement du Québec semble d’ailleurs ouvert  à ce que l’exploration et l’exploitation éventuelle du pétrole puisse avoir lieu. Il s’agit d’une excellente nouvelle puisque, jusqu’ici, le Québec si riche sur le plan énergétique ressemblait au proverbial cordonnier : très compétent dans son domaine, mais incapable de prendre les bonnes décisions pour lui-même!

Ainsi, les gouvernements successifs ont à maintes reprises fait le choix de supporter de coûteux projets énergétiques parce qu’ils étaient perçus comme étant bénéfiques pour l’environnement. La filière éolienne qui nous coûte collectivement 695 millions de dollars par année, soit 200$ par ménage par année, en est un exemple patent. L’électricité produite à partir de l’éolien ne représente pourtant qu’une infime partie de notre production totale, sans ajouter quoi que ce soit à notre bilan environnemental déjà enviable.

De plus, le gouvernement du Québec subventionne largement l’achat de voitures électriques ou hybrides rechargeables. Ces subventions peuvent atteindre 8000$ pour l’achat de la voiture et 1000$ pour la borne de branchement.  En 2014, ce programme a coûté environ 22 millions de dollars pour moins de 3000 voitures et ce coût continuera d’augmenter.

Nous avons démontré dans une Note économique que ces subventions n’avaient pas du tout les effets escomptés. Pour atteindre l’objectif d’avoir une flotte de 300 000 véhicules électriques sur les routes québécoises d’ici 2020, le gouvernement du Québec devrait dépenser plus de 12,1 milliards de dollars en subventions. Ceci porterait le coût d’évitement d’une tonne de GES à 1560 $, en comparaison avec 11,39$ pour un quota sur le marché du carbone. Le gouvernement du Québec pourrait donc atteindre le même objectif environnemental en achetant des quotas d’émission pour environ 88 millions de dollars, soit un coût 137 fois moins élevé.

Ces programmes qui n’atteignent pas leurs objectifs environnementaux ont été mis en place en invoquant la création de richesse. Par contre, lorsque certains projets peuvent réellement nous rapporter de l’argent, sans investissement de la part du gouvernement, des groupes d’activistes se mobilisent et on traine de la patte pour octroyer les autorisations nécessaires. Récemment en Gaspésie, Junex produisait 2723 barils de brut léger en cinq jours et avec des coûts de production très bas (environ 20$ le baril). Cela laisse présager une production commerciale dès 2016 et une profitabilité même avec un prix du pétrole faible.

Mais le plus grand potentiel pétrolier se trouve sur l’île d’Anticosti, où on estime que dorment 40 milliards de barils de pétrole.  Même à 50 $ le baril, l’exploitation de ce pétrole injecterait un minimum de 160 millions de dollars de redevances annuellement dans le trésor québécois sur une période de 30 ans. Dans un scénario plus réaliste, on peut estimer les redevances à environ 978 millions par année.

En combinant les économies qu’entraîneraient l’abolition de subventions et les redevances générées par l’exploitation de nouvelles ressources pétrolières, cela représenterait 1,7 milliard de dollars par année de plus pour le trésor québécois. Et ce, sans avoir besoin de subventionner les entreprises, mais seulement d’autoriser l’exploitation de de notre pétrole. Cela ne révolutionnerait pas complètement les finances publiques québécoises, mais ce serait un grand pas dans la bonne direction!

Youri Chassin is Economist and Research Director at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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