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Op-eds

Un « vrai » régime minceur est inévitable, et nécessaire

Ainsi donc, on apprend que les Centres locaux de développement (CLD) et les Conférences régionales des élus (CRE) disparaîtront, dans le cadre des efforts du gouvernement pour atteindre l’équilibre budgétaire.

Contrairement à ce que semble croire mon collègue blogueur Gilles Duceppe, l’actuel gouvernement n’est pas « en train de démanteler tout le modèle québécois », loin de là.

Bien que ces organismes puissent, dans certains cas, jouer un rôle utile pour certaines régions, rappelons qu’il s’agit d’une structure qui engloutit 38 % de ses budgets en frais de gestion, et dont la reddition de compte soulève parfois des interrogations.

Les abolir ne générerait pas tant d’économies que cela, mais pour une fois, un tentacule de l’État se ferait réellement éliminer, ce qui aurait une valeur symbolique aux yeux des contribuables, constamment mis à contribution pour corriger les déficits budgétaires.

Si j’écris au conditionnel, c’est qu’en fait, ce n’est pas encore clair s’il s’agit vraiment d’une coupure, ou si les employés de ces programmes seront simplement réaffectés ailleurs par les municipalités. D’ailleurs, bien des idées qui ont fait l’objet de fuite sur ce que le gouvernement Couillard ferait ou ne ferait pas dans les mois qui viennent ne sont pas confirmés. Et dans bien des cas, cela risque de n’être que du rebrassage de fonctionnaires.

Cela semble d’ailleurs une constante depuis le début de l’« austérité » libérale. On coupe des transferts aux municipalités pour « sous-traiter » des hausses de taxes, on rebrasse des structures en donnant l’impression qu’il s’agit d’abolitions, on parle d’éliminer des petits programmes ou des crédits d’impôt qui ont la qualité de ne pas impliquer trop de mises à pied, on veut hausser les tarifs de garderies sans toucher à la bureaucratie et aux dépenses, etc.

Il y a bien des fonctionnaires en moins à quelques endroits, mais disons que nous sommes loin d’un effort de réduction de dépenses qui s’approcherait de celui des contribuables dans la lutte au déficit.

L’idée ici n’est pas de souhaiter que des gens perdent leur emploi, mais il faudra un jour accepter une réalité: l’État ne réussira jamais à boucler son budget s’il ne réduit pas sa taille — ses programmes, mais aussi sa masse salariale. Rappelons encore une fois que près de 60 % des dépenses de programmes du gouvernement vont à la rémunération des employés. Et que si l’on souhaite réduire de façon significative les dépenses de l’État québécois, il faut logiquement diminuer le nombre de personnes qui y travaillent. Cela peut se faire notamment, de façon moins « douloureuse », par des départs à la retraite et des départs volontaires.

Dans le cas des CLD et CRE, même si certains déchirent leurs chemises, il est notoire que l’ensemble des programmes d’aide aux entreprises est une véritable « maison de fous » où des lobbys défendent âprement un système de crédits d’impôt et de subventions, érigé en véritable « industrie de la subvention », et qui coûte des milliards de dollars aux contribuables tout en étant reconnu comme inefficace.

Michel Kelly-Gagnon is President and CEO of the Montreal Economic Institute. The views reflected in this column are his own.

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